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TotalEnergies tient son assemblée générale des 100 ans sous tension

Des militants écologistes de Greenpeace affichent une banderole portant le portrait de Patrick Pouyanne, directeur général de TotalEnergies, sur un bâtiment du Centre des nouvelles industries et technologies (CNIT), dans le cadre d'une manifestation avant l'assemblée générale des actionnaires du géant français multi-énergies TotalEnergies, dans le quartier d'affaires de La Défense à Courbevoie, à l'ouest de Paris, le 24 mai 2024. Photo AFP/STEPHANE DE SAKUTIN

Le groupe français TotalEnergies organise vendredi son assemblée générale annuelle sous la pression de militants écologistes manifestant à l'extérieur de sa tour et d'autres ayant tenté de s'introduire dans le siège d'un de ses principaux actionnaires à Paris.

Dès 9H00, cinq heures avant le début prévu de l'AG, des militants de Greenpeace ont déployé sur un bâtiment à quelques centaines de mètres du siège du groupe, une gigantesque banderole "Wanted", montrant le PDG Patrick Pouyanné que "la société civile recherche". La police est présente en nombre dans le quartier d'affaires de la Défense où la quatrième major mondiale du pétrole et plus grosse entreprise française par le chiffre d'affaires, centenaire cette année, tiendra sa grand-messe annuelle. Des grilles ont été installées devant l'entrée. Les policiers ont interpellé cinq personnes, selon une source policière.

Mais les principales tensions ont été du côté d'une autre assemblée générale, à Paris, celle du gestionnaire d'actifs français Amundi, un des premiers actionnaires de TotalEnergies, où se sont finalement rassemblés plusieurs centaines de militants d'Extinction Rébellion, a constaté l'AFP. Parmi les chants scandés, celui de "Amundi complice". Plusieurs dizaines de personnes sont entrées par la force dans les locaux, avant d'en ressortir. Des dégradations ont été commises et des agents de sécurité blessés, a indiqué une source policière à l'AFP.

TotalEnergies a indiqué respecter "pleinement le droit de manifester et la liberté d'expression", déplorant "toute forme de violence, qu'elle soit verbale, physique ou matérielle". Les journalistes de l'AFP présents à La Défense n'ont pas constaté de débordements particuliers. TotalEnergies dit avoir choisi sa tour de 48 étages pour éviter "d'immobiliser un quartier de Paris" - comme lors d'une édition 2023 tumultueuse, émaillée d'échauffourées entre manifestants et policiers.

Un an plus tard, le groupe reste sous le feu des critiques, les défenseurs du climat lui reprochant d'aggraver le réchauffement climatique et de nuire à la biodiversité et aux droits humains, du fait de ses activités dans le gaz et le pétrole. "On dénonce la stratégie d'expansion de TotalEnergies, qui est toujours orientée vers le développement des fossiles, malgré un discours verdi", a expliqué à l'AFP Edina Ifticene, de Greenpeace.

Les militants de multiples organisations, dont Extinction Rébellion, exigent "l'abandon" des projets phare en Ouganda/Tanzanie, au Mozambique et en Papouasie-Nouvelle-Guinée et, préconisation de l'Agence internationale de l'énergie, "l'arrêt de tout investissement dans de nouveaux projets fossiles".

Face au "risque" de troubles à l'ordre public, le préfet de police de Paris a pris un arrêté d'interdiction des manifestations non déclarées autour de la Tour Coupole. A l'ordre du jour, les actionnaires seront appelés à voter sur la stratégie de TotalEnergies concernant le climat, certains investisseurs réclamant aussi une transition énergétique plus ambitieuse.

Pouyanné regarde vers New York

L'an dernier, chez TotalEnergies une résolution purement consultative émanant d'actionnaires militants avait recueilli 30,4% des votes. Elle demandait à l'entreprise d'aligner ses objectifs de réduction d'émissions de gaz à effet de serre sur l'accord de Paris de 2015, pour limiter le réchauffement planétaire à +1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle (le monde en étant déjà à environ 1,2°C). Cette fois, aucune résolution consultative ne s'annonce.

Une coalition d'actionnaires revendiquant 0,9% du capital a réclamé en vain, jusque devant la justice, une résolution non contraignante visant "à mettre fin au cumul des fonctions de président et directeur général" occupées par Patrick Pouyanné, pour le maintenir au seul poste de directeur général. Un choix impensable pour le conseil d'administration, attaché à la "stabilité stratégique" de la compagnie qui a engrangé 21,4 milliards de dollars de bénéfices en 2023, après 20,5 milliards en 2022, et proposera aux actionnaires de reconduire le PDG pour un quatrième mandat.

Le bouillant dirigeant aux manettes depuis 10 ans présidera cette assemblée sur fond de polémique après ses déclarations sur une éventuelle délocalisation de la cotation principale du groupe de Paris à la Bourse de New York, déclenchant les foudres de la classe politique, de Bruno Le Maire à Emmanuel Macron, avant d'évoquer jeudi dans Le Figaro une "erreur de traduction", assurant qu'il parlait pas d'une cotation principale à Wall Street.

M. Pouyanné met en avant le fait que les Américains achètent plus d'actions que les Européens, contraints par des règles d'investissement durable. Le PDG répète que TotalEnergies est "le groupe pétrolier le plus impliqué dans la transition énergétique". Un tiers de ses investissements est consacré aux énergies bas carbone.

Mais en septembre, le think tank Carbon Tracker estimait que "seule" la compagnie pétrolière italienne Eni avait des objectifs de réduction d'émissions "potentiellement" alignés sur l'accord de Paris. TotalEnergies arrivait deuxième avant Repsol et BP, loin devant le saoudien Aramco ou l'américain ExxonMobil.


Le groupe français TotalEnergies organise vendredi son assemblée générale annuelle sous la pression de militants écologistes manifestant à l'extérieur de sa tour et d'autres ayant tenté de s'introduire dans le siège d'un de ses principaux actionnaires à Paris.Dès 9H00, cinq heures avant le début prévu de l'AG, des militants de Greenpeace ont déployé sur un...