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Jour 7 : Cate Blanchett aux couleurs de la Palestine

Cette année encore, « L’Orient-Le Jour » vous raconte les coulisses du plus grand festival du cinéma au monde. Des cancans de bistrot au tapis rouge guindé, en passant par les soirées alcoolisées. 

Jour 7 : Cate Blanchett aux couleurs de la Palestine

L'actrice Cate Blanchett fait l’unanimité, jusqu’au tapis rouge, où elle affiche subtilement les couleurs du drapeau palestinien. Photo AFP

Au coin d’une rue encombrée par les passants et les travaux amorcés, Dalia s'arrête, dépose ses sacs d’achats Dior sur le sol ensablé le temps de sortir sa perche à selfie diamantée. Voile vert assorti à une jupe ample couleur pomme et un chemisier ocre, cette saoudienne de 25 ans vit six mois l’année sur la Côte d’Azur avec enfant et conjoint.

À l’intérieur des boutiques de luxe dont elle connaît tous les tréfonds, la jeune femme s’amuse à essayer talons et bottines sous le regard souvent amusé, parfois hostile, des passants aux sourcils levés.

« La seule chose que j’aime vraiment dans ce pays est le fait de que je peux dévaliser tous les magasins ! », lance celle qui n’a connu que Djeddah et ses banlieues jusqu'à il y a encore six printemps et ce mariage avec un richissime financier saoudo-qatari qui lui promet monde et merveilles. « Et il a tenu parole ! », renchérit-t-elle en pénétrant, pour la seconde fois de la journée, dans le local Chanel pour « un petit plaisir ».

Près du pavillon saoudien, on parle cinéma, politique et Sharon Stone. Photo Téa Ziadé/L’Orient-Le Jour

Quelques 24 heures plus tôt, c’est à l'Eden Roc, mythique et inaccessible hôtel du Cap d’Antibes que Dalia se retrouve au centre d’une large  délégation saoudienne pour célébrer les femmes du 7e art arabe lors d’une soirée à l'initiative de la fondation Red Sea - également organisatrice du festival cinématographique annuel du même nom - et des éditions européennes de Vanity Fair.

Sous la houlette de son PDG Mohammad al-Turki, influent mondain et tout-puissant attrappe-stars clinquant, l’organisation voit son influence se raffermir au travers d’une manifestation azuréenne ne cherchant plus qu'à se faire monétiser de tous les côtés. « C’était mémorable comme nuitée, d’une classe absolue », étaye Dalia en affichant ses innombrables publications Instagram.

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Au menu de cette cérémonie aux saveurs moyen-orientales, des actrices hollywoodiennes et des top-modèles ultra-suivies. Il faut bien vendre. Uma Thurman, Eva Longoria ou Rosie Huntington-Whiteley, ont avec leur simple présence « assuré la promotion des méga-projets culturels d’un royaume plus ouvert au monde mais tout aussi traditionaliste et répressif », expose une activiste et contributrice culturelle dans un média tricolore réputé à gauche. Les paillettes aveuglent, et ça, Riyad l’a compris.

Soft et glam power

Plus d’une semaine après leur arrivée, certains accrédités montrent les primitifs signes de fatigue et de lassitude. « La deuxième moitié de la quinzaine est toujours plus calme. Il n’y a plus grand monde à se mettre sous la dent », suggère Augustin, photographe pour la principale agence de presse espagnole, valise à la main. Direction Paris et Roland-Garros en ce jour de lancement des qualifications.

La Croisette, entre fatigue et ridicule. Photo Téa Ziadé/L’Orient-Le Jour

Parallèlement aux départs prématurés et arrivées tardives, la Croisette continue de frémir aux pas des agents au bord de la crise de nerfs et d’une Maïwenn masquée sprintant frénétiquement sur les sept kilomètres composant le littoral de la cité des étoiles.

La réalisatrice sulfureuse - que personne n’ose approcher - avait l’année dernière fait souffler un enivrant parfum de scandale avec la projection de Jeanne du Barry, personnage qu’elle a campé face au jeu équivoque d’un Johnny Depp au talent édulcoré.

Le pavillon pour la promotion du cinéma saoudien est un des plus visités. Photo Téa Ziadé/L’Orient-Le Jour

Financée justement par la fondation Red Sea, le long-métrage froidement accueilli par la critique signait la première collaboration entre la nation bouillonnante de MBS et l’Hexagone aux pratiques dépassées. « Subventionner ainsi des films de cinéastes femmes est un choix politique, une vitrine pour dire que le pouvoir les encourage même si les lois toujours en vigueur prouvent que le pays n’a rien, absolument rien de progressiste », explique une correspondante irano-britannique, plus habituée à décrypter les développements géopolitiques en cours que les frasques de comédiens innommés. « Il faut bien payer ses factures ! ».

Cate vs Donald

Dieu oserait-il se reposer le septième jour s’il devait couvrir Cannes ? Pas certain. Surtout si Cate Blanchett est annoncée sur bon nombre de plannings surchargés. À l'hôtel Majestic Barrière d’abord, pour une table ronde sur les questions d’inclusivité, à la salle des conférences du Palais ensuite pour un panel autour de l’épineuse question des réfugiés dont elle se dit la porte-parole passionnée.

En 2018 déjà - alors présidente du jury de la sélection officielle - Blanchett apostrophe en privé le Haut-Commissariat des Nations unies chargé du sujet pour aider la famille du jeune Zain - star du Capharnaüm de Nadine Labaki - à trouver refuge en Norvège.

Engagée, politisée, l’actrice multi-oscarisée fait l’unanimité, jusqu’au tapis rouge devançant l’avant-première de The Apprentice, le très attendu biopic de l'Irano-Danois Ali Abbassi sur Donald Trump, ses excès et ses dérives dans le New York des flamboyantes seventies. Dame Blanchett est ainsi apparue moulée dans un fourreau signé Jean-Paul Gautier Couture, par Haider Ackermann, qui affiche subtilement les couleurs du drapeau palestinien.  « C'est un coup de génie ! », ont applaudi les admirateurs de Blanchett. 

Nabila, Rawda Mohammed, Bilal Hassani ne sont pourtant pas là pour parler politique. Bella Hadid non plus visiblement. C’est tout en transparence que débarque enfin la mannequin sur la Croisette pour son annuelle parenthèse enchantée. Accoutumée des prises de paroles militantes et pro-palestiniennes, Hadid ne s’attarde pas ce soir. Le soutien à Gaza attendra.

La mannequin Bella Hadid a fait tourner toutes les têtes sur le tapis rouge. Photo AFP

En cette fin de journée chargée, Dalia appelle son chauffeur privé pour venir la récupérer face au pavillon saoudien où elle s’est arrêtée pour un thé. Elle aurait aimé rester applaudir Diane Kruger, mais son mari a appelé. Il est temps de rentrer changer bébé… 

Au coin d’une rue encombrée par les passants et les travaux amorcés, Dalia s'arrête, dépose ses sacs d’achats Dior sur le sol ensablé le temps de sortir sa perche à selfie diamantée. Voile vert assorti à une jupe ample couleur pomme et un chemisier ocre, cette saoudienne de 25 ans vit six mois l’année sur la Côte d’Azur avec enfant et conjoint.À l’intérieur des boutiques de...
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