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Monde - Conflit Israël-Hamas

Que faire du point de passage de Rafah? Le dilemme israélien

Que faire du point de passage de Rafah? Le dilemme israélien

Des militaires israéliens opèrent du côté gazaoui du passage de Rafah, dans le cadre du conflit entre Israël et le groupe islamiste palestinien Hamas, dans le sud de la bande de Gaza, sur cette image diffusée le 7 mai 2024. Israel Defense Forces/Handout via REUTERS THIS IMAGE HASEN SUPPLIED BY A THIRDY

Le drapeau israélien flotte sur la partie palestinienne du terminal de Rafah, mais l'avenir incertain et lourd d'enjeux de ce point de passage entre la bande de Gaza et l'Egypte est désormais une épine dans le pied d'Israël, sur fond d'urgence humanitaire croissante.

Ce drapeau israélien est une image forte: le terminal était il y a encore peu un des symboles de la souveraineté du Hamas sur la bande de Gaza, où il avait pris le pouvoir en 2007.

Avant l'arrivée des chars israéliens, le mouvement islamiste, classé terroriste notamment par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne, y percevait entre autres des taxes sur les chargements. C'est aussi par là qu'était soupçonné d'arriver le gros de l'arsenal des groupes armés palestiniens dans cette étroite langue de terre sous blocus depuis plus de dix ans.

Depuis plus d'une semaine, ce qui fut aussi de 2005 à 2007 le premier terminal frontalier palestinien contrôlé par l'Autorité palestinienne, est totalement fermé.

L'armée israélienne a pris le contrôle du côté palestinien en quelques heures au matin du 7 mai après, dit-elle, "des renseignements selon lesquels le passage de Rafah (...) était utilisé à des fins terroristes". Et l'Egypte refuse de rouvrir son côté du passage tant que les troupes israéliennes contrôlent l'autre, selon la chaîne égyptienne al-Qahera, proche des services de renseignement du pays.

Les conséquences immédiates sont humanitaires: Rafah était l'un des principaux points de passage de l'aide vers Gaza, ravagée par plus de sept mois de guerre.

Porte d'entrée et de sortie des employés humanitaires internationaux, une centaine de camions transportant des denrées et surtout la quasi-totalité du carburant indispensable aux infrastructures dans un territoire privé d'électricité, ainsi qu'aux véhicules humanitaires, y transitait.

Scepticisme

Israël cherche donc un partenaire pour rouvrir les portes de Rafah. Une quête complexe, car le contrôle du point de passage de Rafah est chargé d'enjeux politiques et stratégiques.

Dès le lendemain de la prise de contrôle israélienne, le quotidien israélien Haaretz avançait qu'Israël avait entamé des négociations avec l'Egypte et les Etats-Unis pour confier la gestion du passage à une entreprise privée américaine.

Ce projet, dont Washington assure ne pas être au courant, suscite le scepticisme de nombre d'analystes qui estiment que les groupes armés palestiniens s'y opposeront et prendront le terminal pour cible, rendant impossibles les passages. Depuis le début des opérations militaires israéliennes à Rafah, le Hamas a d'ores et déjà revendiqué plusieurs tirs de roquettes sur le terminal.

Mercredi, selon plusieurs médias, le Caire a refusé une proposition israélienne de rouvrir le point de passage et de participer à son fonctionnement, y compris en cas de retrait, très hypothétique, des troupes israéliennes.

Des médias israéliens et palestiniens se sont fait l'écho d'une autre proposition israélienne, cette fois à l'Autorité palestinienne: celle-ci recevrait officiellement les clés du point de passage, mais déléguerait les opérations à un acteur palestinien neutre, tel que la Société du Croissant-rouge.

Refus de l'Autorité palestinienne qui a répondu qu'elle ne reprendrait le contrôle du passage qu'avec pleine autorité.

"Urgence humanitaire"

Après le retrait israélien de la bande de Gaza, en 2005, l'AMA (Access and Movement Agreement), accord piloté en grande partie par Washington, avait confié à des agents de l'Autorité palestinienne le contrôle du point de passage de Rafah, en présence de gendarmes d'une mission européenne, l'EU-BAM (European Union Border Assistance Mission), et en garantissant un droit de regard à Israël.

Cette UE-BAM a elle aussi été approchée, a indiqué à l'AFP une source européenne à Jérusalem, ajoutant que les Européens avaient fait savoir qu'ils refuseraient de participer aux opérations sur le point de passage si l'Autorité palestinienne n'était pas impliquée, conformément aux mécanismes mis en place en 2005.

Un diplomate d'un pays de l'UE à Tel-Aviv a également confirmé à l'AFP que son ambassade avait été sondée sur l'avenir proche du poste-frontière.

Mais "il me paraît improbable que nous nous impliquions directement", a-t-il balayé, soulignant l'écart entre la complexité de la mise en place d'une mission européenne dans le terminal et "l'urgence humanitaire", à laquelle son pays considère qu'il est de "la responsabilité d'Israël" de répondre. 

Les Nations unies pourraient faire un partenaire idéal: l'agence onusienne en charge des réfugiés palestiniens, l'Unrwa, n'a jamais géré le point de passage, mais a par le passé joué un rôle important dans la gestion de l'aide y transitant.

A ceci près que les Israéliens ne souhaitent pas leur confier les clés: depuis des mois, l'Unrwa est la cible d'une pluie de critiques israéliennes, ministres et personnalités publiques l'accusant de collusion avec le Hamas, ce qu'elle nie.



Le drapeau israélien flotte sur la partie palestinienne du terminal de Rafah, mais l'avenir incertain et lourd d'enjeux de ce point de passage entre la bande de Gaza et l'Egypte est désormais une épine dans le pied d'Israël, sur fond d'urgence humanitaire croissante.

Ce drapeau israélien est une image forte: le terminal était il y a encore peu...
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