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Coup de langue


Et il y en a que cela étonne encore ! Quatre millions et demi de Libanais les fixaient de leurs yeux torves, espérant une improbable phosphorescence du frottement de leurs neurones, et tout ce qu’ils ont récolté après des heures de palabres, c’est « Inchallah, boukra, maalech ». IBM version arabe, quoi !

Que la dernière séance de la taupinière d’Istiz Nabeuh allait accoucher d’un petit rat, ça, tout le monde le savait d’avance. Que la question des Syriens errants incrustés en terre de Koullouna fait distraitement consensus, ça aussi était largement gobé. Sauf qu’à chaque fois qu’il y a une décision à prendre à propos d’un dossier d’importance, surgit du consommé l’inévitable testicule qui brouille la dégustation. Plus concrètement : comment reprendre langue avec le Tyrannosaure de Damas sans aller jusqu’à lui rouler une pelle ?

Pourtant, la quasi-totalité du barnum politique, allant de la camarilla des grands chefs de clan jusqu’à la palanquée des petits larbins, s’est lancée dans la gadoue. Au point que la rafale des effets d’annonce a fini par déboucher sur une belle exhibition ratée. Une journée entière de débat parlementaire, à coups de 5 minutes par tronche de cake ! Cinq minutes, c’est trop long quand on n’a rien à dire. Un signe qui ne trompe pas : dans un touchant mouvement d’ensemble, nombre de députés ont été vus en train de secouer leur montre, pensant qu’elle s’était arrêtée…

Entre-temps, le roitelet du Barada piaffe et attend son heure. Dans son univers à une dimension, anesthésié par la langue de bois de ses médias débitée à la scie, il commence à entrevoir les tuiles qui le harcèlent de toutes parts. De Moscou, où le fils de Poutine l’a largué comme une chiffe molle parce qu’il avait d’autres Ukrainiens à fouetter, d’Ankara, où Recep Tayyip, en bon étrangleur ottoman, veut toujours lui manger quelques lopins de ses terres kurdes, des Israéliens, qui font carton plein parmi les Persans hirsutes censés protéger son régime… Sans compter les Occidentaux dont la justice lui colle aux miches. Tant et si bien d’ailleurs que ce n’est plus « garde à vous » qu’on hurlera à son passage, mais « garde à vue » s’il lui venait à l’idée de mettre un orteil en dehors de son paradis baassiste. Bref, celui qu’au départ le populo voyait en intelligence incarnée est devenu aussi insupportable qu’un ongle incarné…

Sale métier ! Pourtant, Bachar a toujours appliqué les dernières consignes de Papa Hafez, un vieux briscard de la politique tordue : « Mets des lunettes noires, fais la gueule, et toute la classe politique s’en ira cou-couche panier », qu’il lui disait le Vieux avant de claboter. Alors, le fiston continue de suivre le fil à plomb de sa bonne vieille stratégie. Ce qui n’est quand même pas très approprié pour un président sévèrement plombé.

Et c’est autour de ce barbon qu’aujourd’hui les Libanais se crêpent la touffe pour espérer améliorer l’ordinaire. Bon courage ! L’essentiel, dit-on, est de persévérer. Diable ! C’est mathématique : en essayant continuellement, on finit toujours par réussir. Donc, plus ça rate, plus on a des chances que ça marche…

gabynasr@lorientlejour.com

Et il y en a que cela étonne encore ! Quatre millions et demi de Libanais les fixaient de leurs yeux torves, espérant une improbable phosphorescence du frottement de leurs neurones, et tout ce qu’ils ont récolté après des heures de palabres, c’est « Inchallah, boukra, maalech ». IBM version arabe, quoi ! Que la dernière séance de la taupinière d’Istiz Nabeuh allait...
commentaires (4)

Merci pour la censure injustifiée.

Sissi zayyat

10 h 56, le 18 mai 2024

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Commentaires (4)

  • Merci pour la censure injustifiée.

    Sissi zayyat

    10 h 56, le 18 mai 2024

  • Délectable à souhait !! Merci Gaby !!!

    Eva Younes

    23 h 14, le 17 mai 2024

  • Délectable à souhait !! Merci Gaby !!!!

    Eva Younes

    23 h 14, le 17 mai 2024

  • Que c'est Bien dit!!! MERCI!

    Wlek Sanferlou

    14 h 35, le 17 mai 2024

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