Échange de frappes profondes, deux morts au Sud

La tension monte d’un cran. Dans la nuit de mercredi à jeudi, la Liban a été la cible d’une série de frappes israéliennes, notamment dans la Békaa, en profondeur sur le territoire. Selon une source sécuritaire citée par notre correspondante dans la Békaa Sarah Abdallah, plusieurs frappes ont ciblé les environs de Khreibé, près de Nabi Chit, où se trouve une « base d’entraînement » du Hezbollah. Cette zone est située à proximité de la Syrie. Un porte-parole de l’armée israélienne a confirmé qu’une « frappe aérienne a été menée en profondeur au Liban contre un objectif terroriste » lié à la fabrication de « roquettes de précision » par le Hezbollah.Ces frappes dans l’est du Liban font suite à une « attaque de drones » lancée la veille au soir par le Hezbollah contre des infrastructures militaires situées près de Tibériade, à environ 30 kilomètres de la frontière avec le Liban. Cette rare attaque en profondeur a été revendiquée par le parti chiite comme étant une riposte après l’élimination, dans une frappe ciblée, d’un de ses combattants, la veille, près de Tyr.

Nouvelle frappe ciblée

Et cela n’a pas empêché Israël de récidiver jeudi. En effet, une frappe ciblée de drone, sur la route reliant Cana à Remmadiyé, dans le caza de Tyr, a fait deux morts, selon une source sécuritaire et des témoins présents sur les lieux. Peu après l’attaque, le Hezbollah a annoncé la mort de deux de ses membres : Ali Ayoub, né en 1999 à Cana, et Mohammad Farès, né en 1990 dans la banlieue sud de Beyrouth. Une source sécuritaire a confirmé à notre correspondant au Liban-Sud Mountasser Abdallah que ces deux hommes ont bel et bien été tués dans la frappe sur Cana. L’armée israélienne a également lancé plusieurs autres raids sur le Liban-Sud. Des tirs d’artillerie et de bombes incendiaires ont visé les alentours de Aïta el-Chaab, Chihine, Hebbariyé, Houla, Kfarchouba, Khiam, Meis el-Jabal, Rachaya el-Foukhar, Tallet el-Hamamès, Wadi Slouki et Yarine. L’aviation israélienne a bombardé les environs de Kfarchouba et les hauteurs de Rihane, dans le caza de Jezzine.De son côté, le parti chiite a revendiqué au moins onze attaques jeudi contre Israël. Il a notamment annoncé avoir lancé des frappes « de riposte au bombardement dans la Békaa, avec plus de 60 roquettes Katioucha, contre le siège de la 210e division du Golan à Nafah, contre la base de défense aérienne de Kilaa et contre la caserne de Yoav ».Il a ensuite affirmé avoir mené d’autres attaques contre des positions de l’armée israélienne, disant avoir frappé « du matériel d’espionnage » sur chacun des sites visés, tel que le site de « Adather » (face au village libanais de Rmeich), « Sammaka » (dans la région contestée des fermes de Chebaa) et la caserne de Zariit (face à la localité libanaise de Ramiyé). Le Hezbollah a ensuite mené deux attaques simultanées contre le site israélien de « Ramia » (également face à Ramiyé) et le site de « Jal el-Allam » (face à Naqoura). Ces différentes infrastructures militaires israéliennes sont toutes situées à une vingtaine de kilomètres de la frontière avec le Liban. Dans la soirée, la milice chiite a indiqué également avoir frappé un rassemblement de soldats israéliens à Jal el-Allam avec des missiles Burkane.L’armée israélienne a affirmé qu’un de ses soldats a été grièvement et deux autres ont été légèrement blessés par une attaque de drone en provenance du Liban qui a explosé dans la région de Metulla. Selon la même source, l’engin a touché un véhicule militaire. Selon le Haaretz, des sirènes ont retenti dans plusieurs localités du nord d’Israël du fait d’une « infiltration aérienne ». Dans ce contexte hautement inflammable, l’ancien président du Parti socialiste progressiste Walid Joumblatt a déclaré que « le Hezbollah fait son devoir en défendant le Liban sur le front ouvert depuis sept mois dans le Sud ». Le leader druze adopte depuis quelque temps une politique plus ou moins conciliante à l’égard du parti chiite. M. Joumblatt a expliqué toutefois dans une interview à la BBC qu’il préfère que le front sud reste « sous le contrôle » du Hezbollah sans l’intervention d’autres groupes armés. En ce qui concerne la guerre dans la bande de Gaza, M. Joumblatt a estimé que « ce qui se passe est un déplacement systématique de la population et une destruction de tous les moyens de subsistance ». Il a averti que « ces pratiques s’étendront de la bande de Gaza à la Cisjordanie ».