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J-1 : Des têtes vont tomber, la Croisette va trembler

Cette année encore, « L’Orient-Le Jour » vous raconte les coulisses du plus grand festival de cinéma au monde. Des cancans de bistrot au tapis rouge guindé en passant par les soirées alcoolisées… 

J-1 : Des têtes vont tomber, la Croisette va trembler

Le Festival de Cannes 2024 se tiendra du 14 au 25 mai 2024. Photo Reuters

Derrière les bornes d’enregistrement du Terminal 1 de l’Aéroport de Nice, on la prend pour une star. Perruque brune vissée sur la tête, talons léopard aux pattes et valise Vuitton géante en main, Shirley-Ann attire tous les regards. Si un badaud la confond avec Kerry Washington le temps d’un cliché, la native de San Francisco n’est pourtant « qu’une journaliste d’entertainment depuis 35 ans ».

Arrivée tout droit de la côte ouest des États-Unis pour couvrir son vingtième Festival de Cannes (du 14 au 25 mai), la quinquagénaire flamboyante se fraie un chemin entre les paparazzis sous Xanax et les limousines prêtes à accueillir les premières vedettes de la quinzaine.

« Tout est plein et archi-plein ! Il n’y a pas un appartement ou une chambre d’hôtel disponible dans la zone, l’organisation devrait juste me loger pour me remercier de ma fidélité ! », clame Shirley, agacée, en cherchant un taxi. Direction Juan-les-Pins où - scandale ! - elle se retrouve en colocation avec deux Italiennes. « L’horreur chéri, l’horreur ! »

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Rouspéteuse mais décontractée, cette militante démocrate s'est d’abord fait un nom dans les rédactions californiennes en campant devant la Cour de Santa Barbara en 2005 pour les besoins du procès qui a opposé Michael Jackson aux familles de jeunes garçons accusant ce dernier de pédophilie.

« J’ai enquêté sur la fin d’un règne. Celui du roi de la pop. Et vous pensez que ce sont une poignée de starlettes balbutiantes qui vont m’angoisser ? C’est Cannes, pas Bagdad ! Que la fête commence ! »

Suer en YSL

À un peu plus de 24 heures de la cérémonie d’ouverture de cette ambitieuse 77e édition, une légère averse printanière remet en question le programme de Martine, cannoise octogénaire vivant avec trois chats et deux coffres débordants d’autographes.

De la fenêtre de son studio de la rue d’Antibes qu’elle ne quitte quasiment plus, elle observe ses acolytes installer pour elle un escabeau derrière les barrières fraîchement repeintes cloîtrant le Palais de tous les côtés. « C’est une tradition ! Tous les mois de mai, mes vieilles copines et moi monopolisons nos journées pour installer nos équipements. On ne veut rien rater ! », s’esclaffe cette inconditionnelle de Richard Gere, ravie de voir « son chéri » monter les marches avec Demi Moore et Michelle Pfeiffer…

À 24 heures de la cérémonie d’ouverture, Cannes revit. Photo Reuters

Dans la ville en ébullition, les caméras bon marché sont en rupture de stock, les cafés bondés et les petits commerçants ravis. En l’espace de deux jours, Cannes voit sa population tripler et son économie s’envoler.

« Hors festival, c’est quand même une petite bourgade de pêcheurs ici », s’amuse à répéter Alix, Parisienne aux traces de bronzage amateur, dans la file d’attente la menant au sésame suprême : un badge signalant la tant convoitée accréditation presse.

Dans la même queue, des journalistes du Vogue britannique et du Vanity Fair américain se reluquent, se reconnaissent mais ne se saluent pas. Il ne manquerait plus que ça. Entre les critiques cinéma en tongs et les chroniqueurs mondains en Saint Laurent, se faufilent un Michael du New York Times et une Brigitte de Radio Flamme. Il en faut pour tous les goûts.

Préparations sous tension

Alors que les rares célébrités déjà sur place se dispersent entre les suites du Carlton et du Martinez et se murent dans un silence choisi, la salle de conférence du grand Palais se dore de ses plus belles affiches pour une première prise de parole officielle de Thierry Frémaux, délégué général de la manifestation, aussi respecté que décrié.

« On a décidé de faire un festival sans polémique », lance le patron de l’Institut Lumière. Difficile à croire pour le parterre de reporters avisés des nombreuses rumeurs circulant dans les couloirs des grandes agences d’acteurs de la capitale.

Depuis plusieurs jours circule en effet une « liste de professionnels du milieu qui seront prochainement accusés de viols et d’agressions sexuelles », dixit d’une voix grave la correspondante d’un média régional.

À la veille du lancement, ce n’est donc pas la guerre à Gaza, ses répercussions ou les manifestations qui auront sans doute lieu en soutien aux Palestiniens qui maintiennent les organisateurs éveillés mais bien ce « tableau noir qui va détruire des carrières et tout changer », relève la source précitée. « Les enquêtes sont prêtes. Elles sont retardées, réécrites, rééditées. Il n’y a plus qu'à la publier. Et ça va faire mal, très mal », ajoute-t-elle.

Le carnage attendu ne tardera pas à s'annoncer. Il est 18 heures précisément quand le magazine Elle publie neuf témoignages de femmes accablant le producteur Alain Sarde et l’accusant de viol, de chantage et de harcèlement. La vague #MeToo compte bien déferler sur la Croisette et ses figures semblent plus que jamais vouloir se faire entendre.

Greta Gerwig arrive sur la Croisette. Photo Reuters

Plus féminin, plus féministe, le festival mise cette année sur une présidente du jury - Greta Gerwig, réalisatrice de Barbie, entre autres - consensuelle, applaudie par les cinéphiles, admirée par ses pairs. Sera-t-elle un pare-choc face aux esclandres à venir ? Affaire à suivre…

Loin des tumultes princeps, Shirley-Ann, apaisée après « trois heures de sieste et deux éclairs au chocolat » sirote un Spritz, « le premier d’une longue série ! » crie-t-elle en croyant apercevoir Eva Longoria au loin. Trop occupée à faire la bise à ces confrères que l’on ne croise qu’une fois toutes les 50 semaines, c’est à coup de « bon Cannes darling » que s’ouvrira le festival ce mercredi, plus politique et plus loufoque encore. 

Derrière les bornes d’enregistrement du Terminal 1 de l’Aéroport de Nice, on la prend pour une star. Perruque brune vissée sur la tête, talons léopard aux pattes et valise Vuitton géante en main, Shirley-Ann attire tous les regards. Si un badaud la confond avec Kerry Washington le temps d’un cliché, la native de San Francisco n’est pourtant « qu’une journaliste d’entertainment...
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