Un Palestinien devant l'emblème de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) dans la ville de Gaza en 2018. Photo d'illustration Saïd Khatib/AFP/Getty Images
Le Congrès américain a adopté samedi in extremis un texte visant à financer l'État fédéral jusqu'à septembre et éviter à la première puissance économique mondiale de glisser dans un « shutdown », la paralysie de ses services publics, selon des informations relayées par les agences de presse et plusieurs médias américains, arabes et israéliens.
Mais les élus réunis à Washington en ont aussi profité pour prendre une mesure beaucoup plus polémique compte tenu de la situation humanitaire dans la bande de Gaza : interdire tout financement direct des États-Unis de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, l'Unrwa, au cœur d'une controverse depuis qu'Israël a accusé fin janvier 12 de ses quelque 13.000 employés à Gaza d'être impliqués dans l'attaque meurtrière du 7 octobre perpétrée par le mouvement Hamas en Israël. Cette interdiction sera maintenue pendant un an, soit jusqu’en mars 2025.
Selon le magazine d’investigations The Intercept, le projet de loi contient également une disposition limitant l'aide à l'Autorité palestinienne, qui gouverne la Cisjordanie occupée, si « les Palestiniens ouvrent une enquête autorisée par la Cour pénale internationale (CPI), ou soutiennent activement une telle enquête, qui soumet des ressortissants israéliens à une enquête pour des crimes présumés commis contre des Palestiniens ».
La loi doit encore être transmise au président Joe Biden pour qu'il la signe, ce qu'il devrait faire ce samedi. C’est un coup dur pour l’agence. En 2022, les États-Unis ont été le principal donateur de l'Unrwa, avec une contribution globale de 344 millions de dollars. En juin 2023, soit avant le début de la guerre à Gaza, ils avaient annoncé une enveloppe de plus de 153 millions de dollars, et avaient été les premiers a suspendre leur financement de l’agence fin janvier après qu'elle ait lancé une enquête visant à vérifier les accusations israéliennes.
Réaction israélienne
La nouvelle a été saluée par le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, qui a exhorté sur son compte X les pays du monde entier à suivre l’exemple des États-Unis et à couper leur financement de l'Unrwa.
« L'interdiction historique du financement américain de l’Unrwa, qui a été adoptée aujourd'hui avec un soutien bipartisan écrasant, démontre ce que nous savions depuis toujours : L'Unrwa fait partie du problème et ne peut pas faire partie de la solution. L'Unrwa ne sera pas dans le paysage de Gaza après la chute du Hamas », s’est enflammé le ministre. Le haut responsable a été jusqu’à lancer que « des milliers d'employés de l'Unrwa sont impliqués dans les activités terroristes du Hamas et leurs installations ont été utilisées à des fins terroristes ».
Cet avis est loin de faire l’unanimité dans la communauté internationale à un moment où le bilan humain de plus de 32.000 Palestiniens tués selon le Hamas, le risque de famine et les dégâts matériels (plus de 121.000 logements et infrastructures détruits) provoqués par l’offensive israélienne à Gaza sont de plus en plus critiqués et où même les États-Unis, principal allié d’Israël, peinent à soutenir publiquement sa stratégie militaire. Le projet israélien d'offensive à Rafah, ville du sud de l’enclave assiégée où s’entassent environ 1,5 million de réfugiés qui ont fui les combats, a été au cœur des échanges vendredi à Tel-Aviv entre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken.
Vendredi, le chef de l’Unrwa, Philippe Lazzarini, avait annoncé que tous les pays nordiques avaient repris le financement de l'agence après l'avoir interrompu au début de l’année suite aux accusations du gouvernement israélien.
Contactée par la chaîne Al-Jazeera, Maya Berry, directrice exécutive de l'Institut arabo-américain (AAI), a qualifié l'adoption du projet de loi « d’incroyable échec moral ». « Notre processus politique a choisi de réduire le financement américain de la seule entité capable de répondre au niveau de souffrance et à l'ampleur de la souffrance à Gaza », a-t-elle déclaré.
The US is complicit with Israel aiding and abetting the genocide of Palestinians, supplying advanced weapons and political cover. Now, it is caving to the demands of the Israeli extremist government by cutting aid to UNRWA, the only organization that provides aid to the Palestinians including food, healthcare, and education. Israel has deliberately targeted UNRWA, destroyed UN schools, clinics, warehouses, and killed over 150 UNRWA employees. The US is blackmailing the Palestinian authority not to sue Israel at ICJ or cut its funding. The Arab community should fill the funding gap.
18 h 37, le 23 mars 2024