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Monde - Décision

Le principal lycée musulman de France perd son contrat avec l'Etat

La décision de résilier le contrat a été prise jeudi.

Des élèves devant le lycée Averroès, principal lycée musulman de France, le 28 septembre 2023 à Lille. PHOTO AFP / Sameer Al-DOUMY

L'Etat français a décidé de mettre fin au contrat le liant au lycée Averroès de Lille (nord), cessant ainsi de subventionner à partir de la rentrée 2024 le principal lycée musulman de France, vingt ans après sa création.

La décision, prise le 7 décembre par le préfet du Nord Georges-François Leclerc, était attendue depuis un récent avis favorable d'une commission consultative.

Elle doit en principe prendre effet à la rentrée 2024, mais les avocats d'Averroès ont annoncé lundi dans un communiqué que l'association saisirait la justice « en référé dès réception du courrier de résiliation ».

L'établissement est « la cible de multiples propos et rumeurs, malheureusement relayés par les pouvoirs publics, totalement diffamatoires et mensongers qui visent à occulter la réalité d'un lycée républicain, musulman, d'excellence, de surcroît le plus contrôlé de France », ont-ils regretté.

La rupture du contrat avec l'Etat « n'est pas une surprise », a réagi le chef d'établissement, Eric Dufour, qui entend « démonter point par point, argument par argument » les griefs de la préfecture.

Son établissement de 400 élèves, ouvert en 2003 avec le soutien de l'ex-Union des organisations islamiques de France (UOIF, devenue Musulmans de France et issue du mouvement égyptien des Frères musulmans), dans la foulée de l'interdiction du voile dans les lieux scolaires, était devenu en 2008 le premier lycée musulman à passer sous contrat.

Il se classe depuis régulièrement parmi les meilleurs de la région.

Un établissement privé sous contrat avec l'Etat français se doit d'accueillir les élèves sans distinction d'origine, d'opinion ou de croyance et d'avoir des enseignements conformes à ceux de l'enseignement public, ce qui lui permet de recevoir des financements publics.

Certaines thématiques absentes

Pour justifier sa décision, le préfet du Nord met en avant, dans un courrier dont l'AFP a pris connaissance, des « manquements graves aux principes fondamentaux de la République ».

Se fondant sur des « rapports d'inspection », notamment de la chambre régionale des comptes, il souligne ainsi « l'absence de ressources » au centre de documentation et d'information de l'établissement « sur certaines thématiques comme la culture, les institutions sociales, les comportements culturels, les relations entre les sexes, l'homosexualité ».

« Les ouvrages religieux présents font également état de 30 ressources sur l'islam, les autres religions n'étant pas représentées », ajoute-t-il.

Il vise aussi les enseignements d'un cours d'éthique musulmane, « fondés notamment » sur un ouvrage prônant la peine de mort pour apostasie ou la ségrégation des sexes.

Le préfet critique, pour finir, une gestion opaque de l'établissement, en particulier ses financements en lien avec le Qatar.

L'Education nationale avait mené plusieurs inspections, sans trouver matière à remettre en cause le contrat d'association.

« Enfin ! Ça fait plus de six ans que j'ai alerté l'Etat sur la présence du fait religieux dans cet établissement », a salué lundi auprès de l'AFP Xavier Bertrand, le président de droite de la région, qui rechigne depuis 2019 à verser la subvention prévue dans le cadre du contrat

Mais pour Roger Vicot, député socialiste du Nord, la décision est « tout à fait injuste » et présente « un risque de stigmatisation »

Devant le lycée, les élèves sont dans l'expectative. « On sent un stress », affirme Imen (prénom d'emprunt), 17 ans, celui « d'avoir été jugés injustement ».

« Les collègues d'Averroès sont très affectés par ce qu'il leur arrive », témoigne Frédéric Flechon, un représentant syndical. Selon lui, le contrat avec l'Etat « permet justement de contrôler l'enseignement et ce qu'il se passe dans l'établissement ».

Averroès est l'un des deux seuls lycées musulmans sous contrat en France, avec le lycée Al-Kindi près de Lyon (174 élèves).

L'Etat français a décidé de mettre fin au contrat le liant au lycée Averroès de Lille (nord), cessant ainsi de subventionner à partir de la rentrée 2024 le principal lycée musulman de France, vingt ans après sa création.La décision, prise le 7 décembre par le préfet du Nord Georges-François Leclerc, était attendue depuis un récent avis favorable d'une...
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Lycée "musulman"? Je croyais que lycées étaient censés être laïcs? Ou alors c’est seulement au Liban?…

Gros Gnon

20 h 58, le 11 décembre 2023

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Commentaires (2)

  • Lycée "musulman"? Je croyais que lycées étaient censés être laïcs? Ou alors c’est seulement au Liban?…

    Gros Gnon

    20 h 58, le 11 décembre 2023

  • Que tous ces pays arabes payent

    Eleni Caridopoulou

    19 h 12, le 11 décembre 2023

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