Rechercher
Rechercher

Dernières Infos - Conflit

Violents combats dans la plus grande ville du sud de Gaza, fuite vers Rafah


Une femme et des enfants palestiniens déplacés qui ont fui Khan Younès, cuisinent à Rafah, près de la frontière de la bande de Gaza avec l'Egypte, le 6 décembre 2023, au milieu des batailles continues entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas. Photo Mohammed Abed/AFP

L'armée israélienne a mené de nouvelles frappes meurtrières mercredi sur la ville assiégée de Khan Younès, dans le sud de Gaza, où habitants et déplacés tentent de s'abriter des bombardements et des combats parmi les plus violents en deux mois de guerre contre le Hamas.

Les Palestiniens de la bande de Gaza vivent "dans l'horreur la plus totale", a dénoncé le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk. A la nuit tombante, d'épais nuages de fumée noire et des flammes continuaient de s'élever de Gaza. Mercredi, des trainées dessinées par des roquettes tirées du petit territoire palestinien vers Israël ont aussi émaillé le ciel.

Engagée depuis le 27 octobre dans une offensive terrestre contre le Hamas dans le nord de Gaza, en parallèle à sa campagne de frappes, l'armée israélienne a étendu ses opérations au sol à l'ensemble du territoire et annoncé mardi avoir encerclé Khan Younès, la plus grande ville du sud.

Sur l'ensemble du petit territoire surpeuplé, les corps de plus de 200 Palestiniens tués dans les bombardements ont été transportés dans les hôpitaux ces dernières 24 heures, et plus d'une centaine de blessés, selon le ministère de la Santé du Hamas et d'après des sources hospitalières. 

Des milliers d'habitants continuent de fuir désespérément vers le sud et la ville voisine de Rafah, frontalière de l'Egypte, répondant aux injonctions de l'armée israélienne. "Toute la ville subit des destructions et des bombardements incessants. Beaucoup de gens arrivent du nord dans des conditions désastreuses, sans abri, à la recherche de leurs enfants", a raconté à l'AFP Hassan Al-Qadi, un habitant de Khan Younès déplacé à Rafah. "Nous voulons comprendre. S'ils veulent nous tuer, qu'ils nous encerclent dans un seul endroit et nous éliminent tous ensemble. Mais nous pousser à nous déplacer d'un endroit à l'autre, ce n'est pas juste", a-t-il ajouté.

Selon le ministère de la Santé du Hamas, 16.248 personnes, à plus 70% des femmes, enfants et adolescents, ont été tuées en deux mois dans la bande de Gaza par les bombardements israéliens. Les hostilités ont été déclenchées le 7 octobre par une attaque sans précédent menée par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza qui a fait 1.200 morts, en majorité des civils, selon les autorités. En représailles à l'attaque sanglante du Hamas, Israël a promis de détruire le mouvement islamiste au pouvoir à Gaza depuis 2007, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël.

Dépôt d'armes "très important"

Mercredi, l'armée israélienne a annoncé la découverte dans le nord, "au coeur de la population civile", près d'une clinique et d'une école, "d'un dépôt d'armes très important" de toute la bande de Gaza. Il renfermait des centaines de lance-roquettes, des dizaines de missiles antichars et d'engins explosifs, des missiles de longue portée pouvant atteindre le centre d'Israël, des dizaines de grenades et de drones, selon l'armée. Celle-ci y voit une "preuve supplémentaire de l'utilisation cynique par le Hamas des habitants de la bande de Gaza comme boucliers humains".

Elle a affirmé par ailleurs avoir tué à ce jour "la moitié des commandants des brigades" du Hamas. Au total, 83 soldats israéliens ont été tués à Gaza depuis le début de l'offensive, selon l'armée.

Des sources du Hamas et du Jihad islamique palestinien, autre groupe armé à Gaza, ont indiqué mercredi à l'AFP que leurs combattants tentaient d'entraver l'avancée des troupes israéliennes dans Khan Younès et les secteurs situés à l'est de la ville, ainsi que dans les camps de réfugiés à proximité.

Aide coupée

Selon le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (Ocha), Rafah est désormais le seul endroit du territoire palestinien, placé depuis le 9 octobre par Israël en état de siège total, où de l'aide humanitaire est encore distribuée, en quantité limitée.

L'armée israélienne largue chaque jour sur Khan Younès des tracts avertissant de l'imminence d'un bombardement, ordonnant aux habitants de quitter leur quartier. Mais l'ONU, qui a calculé que 28% du territoire de Gaza tombe désormais sous le coup de ces ordres d'évacuation, a jugé "impossible" de mettre en place des zones sécurisées pour les civils.

"Aucun endroit n'est sûr à Gaza. Ni les hôpitaux ni les abris ni les camps de réfugiés. Personne n'est en sécurité. Ni les enfants. Ni les travailleurs de la santé. Ni les humanitaires. Ce mépris flagrant des bases de l'humanité doit cesser", a affirmé le coordinateur de l'aide d'urgence de l'ONU, Martin Griffiths.

Dans une rue de Khan Younès, des hommes, des femmes et des enfants hébétés fouillaient mercredi les ruines. "Un missile a frappé et détruit toute la zone. Plus rien n'est intact", a raconté à l'AFP un survivant, Abou Ahmad Abou Ouda. 

"Où vous voulez qu'on aille"?

A Rafah, des Palestiniens ayant fui  Khan Younès, à moins de 10 kilomètres, établissaient mercredi un camp de fortune, montant des tentes avec des toiles ou des bâches en plastique, des lattes de bois. Ils organisaient leur survie : des branches ramassées ici et là pour faire du feu, de la semoule dans des gamelles pour unique nourriture.

"Nous sommes arrivés ici, sans abri, il a plu sur nous cette nuit, il n'y a pas à manger, pas de pain, pas de farine", raconte à l'AFP Ghassan Bakr. "Où est-ce que vous voulez qu'on aille, bon sang?!", s'emporte Khamis Al-Dalou. "On a quitté Khan Younès et maintenant nous sommes dans des tentes à Rafah, sans toit, sans mur". Sur un trottoir, des enfants se jettent sur une grande casserole de semoule cuisinée par une association caritative, raclant le fond avec leurs boîtes en plastique et écuelles.

Selon l'ONU, 1,9 million de personnes, soit environ de 85% la population, ont été déplacées par la guerre dans la bande de Gaza où plus de la moitié des habitations sont détruites ou endommagées. D'après le gouvernement israélien, 138 otages parmi les quelque 240 personnes enlevées en Israël le 7 octobre sont toujours retenus à Gaza, après la libération fin novembre dans le cadre d'une trêve de sept jours de 105 otages, dont 80 en échange de 240 prisonniers palestiniens détenus par Israël.

Viols collectifs, nécrophilie

Des manifestations ont de nouveau eu lieu à Tel-Aviv mardi soir comme presque chaque jour pour demander un cessez-le-feu permanent et la libération des captifs retenus à Gaza. L'armée a réclamé mercredi que le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) puisse avoir accès à ces otages.

"Chaque minute en captivité met en jeu" leur vie, a déclaré le porte-parole de l'armée, Daniel Hagari. La directrice de l'Unicef a par ailleurs condamné mercredi les "violences sexuelles" commises contre des Israéliennes le 7 octobre, ce qu'un porte-parole du gouvernement israélien a jugé tardif et insuffisant car ne mentionnant pas, selon lui, leurs auteurs, les hommes armés du Hamas.

"Il y a des récits de témoins et des preuves médicolégales de viols avec violences, de viols collectifs, de pédophilie et même de nécrophilie (...) Il est impardonnable que certains choisissent encore de nier ou minimiser" ces crimes, a déclaré Eylon Levy, porte-parole du gouvernement israélien.



L'armée israélienne a mené de nouvelles frappes meurtrières mercredi sur la ville assiégée de Khan Younès, dans le sud de Gaza, où habitants et déplacés tentent de s'abriter des bombardements et des combats parmi les plus violents en deux mois de guerre contre le Hamas.

Les Palestiniens de la bande de Gaza vivent "dans l'horreur la plus...