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Attentat à Paris: dix ans de prison pour l'ami d'un jihadiste

Abdoul-Hakim Anaiev, lors de son interpellation par des policiers de la DGSI en mai 2018 à Strasbourg (Bas-Rhin). Photo Patrick Hertzog/AFP

Un Franco-russe, Abdoul-Hakim Anaiev, ami d'un jihadiste qui a tué en 2018 un passant à Paris, a été condamné à dix ans de prison assortis d'une période de sûreté des deux tiers, a annoncé mardi la cour d'assises spéciale de Paris.

Après plus de cinq heures de délibérations, Abdoul-Hakim Anaiev a été jugé coupable de participation à une "association de malfaiteurs terroriste" en vue de la préparation de crimes.

"Bien sûr nous aurions aimé, sans esprit de vengeance, sans esprit de revanche, que la cour aille un peu plus loin dans la condamnation", a réagi Carole Masliah, une des avocates représentant des parties civiles.

"La décision de la cour d'assises nous laisse un sentiment d'apaisement", a déclaré pour sa part Florian Lastelle, l'un des deux avocats de l'accusé, ajoutant que cette décision allait "permettre à ce jeune homme intelligent de préparer utilement sa réinsertion".

Le ministère public avait requis dix-sept ans de prison assortis d'une période de sûreté des deux tiers.

Abdoul-Hakim Anaiev, un Franco-Russe âgé de 26 ans, était soupçonné d'avoir joué un rôle central dans le conditionnement de son ami du lycée Khamzat Azimov.

Né en Tchétchénie le 22 octobre 1997, Abdoul-Hakim Anaiev comparaissait pour participation à une association de malfaiteurs terroriste en vue de la préparation de crimes.

"J’étais en train de me radicaliser"

Khamzat Azimov, un Franco-Russe né en Tchétchénie, a tué le 12 mai 2018 au couteau de cuisine Ronan Gosnet, 29 ans, employé d'une librairie du quartier du Palais-Garnier, après une lutte acharnée.

L'assaillant s'en était pris à une dizaine de personnes, avant d'être abattu par la police.

L'attaque avait été revendiquée par le groupe Etat islamique (EI), qui avait diffusé le lendemain une vidéo dans laquelle Khamzat Azimov faisait allégeance à l'organisation jihadiste.

L'accusé avait admis dès le premier jour de son procès avoir été "radicalisé" et avoir partagé "cette idéologie" jihadiste sur les réseaux sociaux.

Décrit comme "renfermé", "introverti", par son professeur du lycée, il change "d'attitude" pendant les "trois derniers mois" de son année de terminale.

"J’étais en train de me radicaliser à ce moment-là", a expliqué M. Anaiev, "à partir de la seconde j’avais deux trajectoires possibles et malheureusement, je n’ai pas choisi la bonne".

D'abord intéressé par l'histoire de la Tchétchénie et les deux guerres que la république russe du Nord-Caucase a traversées, il se tourne ensuite vers "la situation en Syrie", dans la foulée de la guerre civile qui a éclaté dans le pays en 2011, jusqu'à adopter une position pro-EI.

Sur ses réseaux sociaux, il partage des messages de propagande, affiche sa radicalisation et échange avec d'autres sympathisants de l'EI.

Il déclare "comprendre" que son ami est lui aussi "radicalisé" en le découvrant face à une vidéo de propagande de l'EI.

En classe, alors que des hommages sont organisés après les attentats de Charlie Hebdo et du Bataclan en 2015, M. Anaiev affirme avoir "condamné" les attaques. Son ami, lui, s'y "refuse".

Il a démenti avoir joué le moindre rôle dans le passage à l'acte de son ami.

"Il y a celui qui agit et celui qui pense", a indiqué l'avocate générale dans ses réquisitions, "le jihad par la plume et le jihad par l'épée". "L'un n'existe pas sans l'autre".

Interrogé avant que la cour ne se retire pour délibérer, il a simplement indiqué: "Je ne veux pas continuer à gâcher cette vie".

Mardi, debout dans le box, barbe taillée, chemise bleu clair et pantalon gris, Abdoul-Hakim Anaiev a écouté sans bouger l'énoncé du verdict.

Son procès intervenait deux semaines après l’assassinat de Dominique Bernard, enseignant poignardé à mort à Arras (nord) le 13 octobre par un ancien élève russe originaire d'Ingouchie.


Un Franco-russe, Abdoul-Hakim Anaiev, ami d'un jihadiste qui a tué en 2018 un passant à Paris, a été condamné à dix ans de prison assortis d'une période de sûreté des deux tiers, a annoncé mardi la cour d'assises spéciale de Paris.

Après plus de cinq heures de délibérations, Abdoul-Hakim Anaiev a été jugé coupable de participation à...