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Un artiste russe en procès à Paris pour la diffusion de vidéos intimes d'un ex-ministre


L'artiste russe Piotr Pavlenski et sa compagne à Paris, le 28 juin 2023. Photo Alain JOCARD / AFP

Jugés à Paris pour la diffusion de vidéos intimes, l'artiste russe Piotr Pavlenski et sa compagne ont invoqué mercredi la "liberté artistique" dans cette affaire qui a brisé la carrière politique d'un ténor de la majorité présidentielle. 

L'artiste russe de 39 ans et Alexandra de Taddeo, une étudiante française en histoire de l'art de 32 ans, comparaissaient pour avoir enregistré et publié des vidéos à caractère sexuel de l'ancien secrétaire d'Etat Benjamin Griveaux, sans son consentement. 

Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 11 octobre après plus de dix heures d'un procès au cours duquel le parquet a requis six mois d'emprisonnement ferme à l'encontre de l'artiste de 39 ans et six mois avec sursis contre l'étudiante de 32 ans. La défense a plaidé la relaxe. L'affaire avait provoqué un tollé, en février 2020, dans un pays très attaché au respect de la vie privée des personnages publics. Lors d'une brève relation en 2018 avec Alexandra de Taddeo, M. Griveaux lui avait envoyé des vidéos à caractère sexuel, publiées par la suite sur un site baptisé "Pornopolitique" par Piotr Pavlenski, réfugié en France et connu pour ses performances extrêmes. 

A la barre, l'artiste a lancé d'une voix forte : "Aujourd'hui aura lieu le jugement de mon huitième événement d'art sujet-objet, l'événement pornopolitique, je serai jugé pour mélanger le style élevé et bas..." La présidente a tenté de l'interrompre à plusieurs reprises avant de suspendre l'audience, alors que des applaudissements retentissaient. Par la suite, il a "annoncé la règle du silence", ajoutant : "vous ne voulez pas m'écouter quand je voulais venir parler".

Alexandra de Taddeo a, elle, affirmé avoir conservé certaines vidéos "pour (se) protéger" mais a maintenu que Piotr Pavlenski les avait publiées à son insu. "On parle beaucoup de droit à la vie privée depuis le début de cette procédure, mais il y a aussi le droit à la liberté artistique", a-t-elle défendu, disant "soutenir" son compagnon, un "très grand artiste contemporain".

Ce dernier avait jugé le matin que la "liberté artistique" devait être "la plus grande valeur", avant de rentrer dans la salle d'audience, avec une heure de retard."N'importe quelle action ne peut être commise au nom de la liberté  d'expression", ont estimé les procureures.

Richard Malka, l'avocat de Benjamin Griveaux, avait de son côté retracé l'histoire juridique du droit à la vie privée, en appelant à "protéger ce pilier de notre civilisation" contre les "Bonnie and Clyde de la chambre à coucher". 

Critiquant une "enquête scandaleuse" et des "éléments invoqués pour venir polluer un dossier", Me Yassine Bouzrou, conseil de Piotr Pavlenski, a invoqué les principes de la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH), demandant au tribunal de se "baser uniquement sur les faits". M. Grivaux, un allié de la première heure du président Emmanuel Macron, avait démissionné alors qu'il était en campagne électorale pour la mairie de Paris. Gauche et droite avaient critiqué unanimement un "naufrage voyeuriste" et une "menace pour la démocratie". 

Piotr Pavlenski avait argué que son action visait l'"hypocrisie dégoûtante" de l'ancien secrétaire d'Etat qui "utilisait sa famille en se présentant en icône pour tous les pères et maris de Paris". En Russie, il a réalisé plusieurs "évènements d'art politique": il s'est cousu les lèvres en soutien au groupe contestataire Pussy Riot, s'est cloué les testicules sur la place Rouge et a mis le feu à l'une des portes du siège historique des services de sécurité russes.



Jugés à Paris pour la diffusion de vidéos intimes, l'artiste russe Piotr Pavlenski et sa compagne ont invoqué mercredi la "liberté artistique" dans cette affaire qui a brisé la carrière politique d'un ténor de la majorité présidentielle. 

L'artiste russe de 39 ans et Alexandra de Taddeo, une étudiante française en histoire de...