Rechercher
Rechercher

Dernières Infos - Protestation

Après la forte mobilisation du 1er Mai, la France dans l'expectative


Après la forte mobilisation du 1er Mai, la France dans l'expectative

Des policiers déployés à Paris lors d'une manifestation à l'occasion de la fête du travail, le 1er mai 2023. Photo Geoffroy Van der Hasselt / AFP

"Et après"? Au lendemain d'une forte mobilisation émaillée de violences contre la réforme des retraites en France où la colère sociale reste vive, le défi des syndicats mardi est de rester unis face aux propositions de dialogue de l'exécutif qui tente une sortie de crise. "Manifestations: Mai après?", titrait le quotidien de gauche Libération, notant que "la colère ne faiblit pas" et qu'"opposition et syndicats étudient de nouvelles pistes de riposte". "Les jours d'après", titrait dans son éditorial le journal Le Figaro (droite). "Parlement bloqué, opinion à vif, corps intermédiaires rétifs... Les cortèges auront beau s'étioler avec l'été, l'adversité s'est installée".

Près de 800.000 personnes, selon la police, ont défilé lundi dans toute la France. Si elle était loin des niveaux record de la fin janvier --quand près de 1,3 million de personnes avaient défilé selon le ministère de l'Intérieur-- la mobilisation lors de cette première fête du Travail unitaire depuis 2009 est restée forte après 12 journées de défilés et bien au-delà d'un 1er mai classique. "C'est un gros 1er mai. Ce n'est pas un baroud d'honneur, c'est la contestation du monde du travail de cette réforme", avait souligné lundi Laurent Berger, dirigeant du syndicat réformiste CFDT, premier syndicat de salariés français.

Les défilés ont été marqués par des heurts parfois violents dans plusieurs villes dont Paris, Nantes (Ouest) et Lyon (Est). Dans la capitale, les violences se sont intensifiées à l'arrivée du défilé. Des centaines de "black blocs" ont fait usage de feux d'artifice en tir tendu sur les forces de l'ordre qui ont répliqué à grand renfort de lacrymogènes et grenades défensives. Au total 540 personnes ont été interpellées dont 305 à Paris lors des manifestations et 406 policiers et gendarmes ont été blessés, selon le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin.

Après plus de trois mois de conflit, les manifestants se sont affirmés toujours autant déterminés à obtenir le retrait de la réforme. La colère se cristallise surtout sur le report de 62 à 64 ans de l'âge à la retraite. Une mesure que syndicats et manifestants jugent "injuste", en particulier pour les femmes et ceux qui exercent des métiers pénibles.

"Ecœurée" 

Avant ce 1er mai, l'essentiel de la réforme a pourtant été validée par le Conseil constitutionnel et elle a été promulguée. La décision du gouvernement de recourir mi-mars à l'article 49-3 de la Constitution --qui permet d'adopter un texte sans vote au Parlement-- pour faire passer cette réforme a entraîné un net durcissement de la contestation et plusieurs journées de manifestations violentes sur tout le territoire, rappelant l'épisode du mouvement social des "gilets jaunes" à partir de 2018. "Je ressens de la colère, de la révolte même contre le mépris de ce gouvernement", a déclaré lundi à l'AFP Lucie Acker à Strasbourg (Est), 42 ans, cadre en collectivité territoriale. "Je suis vraiment écœurée par l'entrée en vigueur de la réforme des retraites. J'ai même ressenti une forme d'humiliation d'être à ce point ignorée", insiste-t-elle.

Alors que la France est l'un des pays européens où l'âge de départ à la retraite est le plus bas, mais avec des systèmes très différents, l'exécutif a justifié son projet par la nécessité de répondre à la dégradation financière des caisses de retraite et au vieillissement de la population. Le président Emmanuel Macron s'est donné le 17 avril "100 jours d'apaisement" et "d'action" pour relancer son quinquennat. La Première ministre Elisabeth Borne va envoyer des invitations aux syndicats "dans les jours qui viennent", selon le ministre du Travail, Olivier Dussopt.

Les syndicats ont maintenant deux échéances: mercredi, lorsque le Conseil constitutionnel se prononcera sur une deuxième demande de référendum d'initiative partagée et surtout le 8 juin pour l'examen à l'Assemblée nationale d'une proposition de loi déposée par un groupe de députés qui pourrait servir de motif à une nouvelle journée de manifestations.

En attendant, leur défi sera de rester unis alors que des divergences commencent à pointer face aux invitations de l'exécutif à reprendre le dialogue sur d'autres sujets liés au travail. D'ores et déjà, Laurent Berger a annoncé que la CFDT "irait discuter" avec la Première ministre si elle y était invitée etla secrétaire générale du puissant syndicat CGT Sophie Binet a rappelé que l'intersyndicale avait prévu de prendre la décision "ensemble" mardi matin.

"Et après"? Au lendemain d'une forte mobilisation émaillée de violences contre la réforme des retraites en France où la colère sociale reste vive, le défi des syndicats mardi est de rester unis face aux propositions de dialogue de l'exécutif qui tente une sortie de crise. "Manifestations: Mai après?", titrait le quotidien de gauche Libération, notant que "la colère ne faiblit pas" et...