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Nos Lecteurs ont la Parole

Israël, le rêve sioniste qui tourne au cauchemar

Golda Meir, venant de Kiev, était la Première ministre d’Israël (1969-1974) et la troisième femme dans le monde à ce niveau de responsabilité. Après la guerre de Kippour (1973), elle démissionne et Yitzhak Rabin lui succède.

Elle confie à des responsables du Parti travailliste que des personnalités telles que Rabin pourront protéger l’État hébreu.

Il aurait fallu plusieurs décennies avant que Rabin s’engage dans un processus de paix avec l’OLP et signe les premières lignes d’un accord avec les Palestiniens. Rabin n’était pas loin de conclure un accord de paix avec la Syrie qui prévoyait la restitution du plateau du Golan à la souveraineté syrienne, ainsi qu’un autre avec le Liban dont le Sud était occupé, avant qu’un extrémiste juif, Yigal Amir, l’assassine de deux balles dans le dos en 1995.

L’État hébreu, plongé dans un mélange de nationalisme et d’extrémisme religieux, accompagné d’un sentiment d’excès de puissance, tente depuis lors de se retirer des accords signés, refusant le partage de la Palestine en deux États, conformément à la résolution 181 des Nations unies et niant le droit au retour des réfugiés palestiniens que mentionne la résolution 194.

Rabin, qualifié de traître par la majorité des Israéliens, pensait que seul un accord de paix permettrait à l’État hébreu de normaliser son implantation au milieu d’une région qui lui a toujours été hostile.

Vingt-cinq années après l’assassinat de Rabin, le monde, Israéliens compris, peut réaliser à quel point ce leader de la gauche sioniste était prévoyant et combien l’appui sur les versets talmudiques dans la prise des décisions des responsables extrémistes était une catastrophe pour l’avenir de l’État d’Israël.

L’escalade militaire qui s’intensifie jour après jour entre les Israéliens et les Palestiniens cache une autre réalité. Pour la première fois de son histoire, Israël se trouve complètement paralysé et ses habitants sont entassés dans les abris. Les aéroports sont fermés, le port Ashkelon qui ravitaille l’État hébreu avec soixante pour cent de ses importations est lourdement bombardé par les roquettes palestiniennes.

La politique de la terre brûlée menée par le Tsahal contre Gaza et la destruction de ses tours civiles, ayant pour objectif de mettre à genoux le Hamas, ne vont pas aboutir à leur fin et les Palestiniens ne vont pas lever le drapeau blanc, parce que ces derniers n’ont plus rien à perdre après s’être morfondus une trentaine d’années dans les dédales d’une interminable négociation de paix.

Les Israéliens, politiciens et militaires, vont se réveiller après cette flambée de violence pour réaliser que leur État n’est plus le même. Après avoir atteint l’apogée de leur puissance suite à la guerre des Six-Jours de 1967, les Israéliens n’ont connu aucune victoire contre leurs ennemis dans toutes les guerres qu’ils ont déclenchées depuis lors.

On assiste à un début de la fin de l’existence d’Israël, un pays créé par une résolution des Nations unies. Le jour où les gangs sionistes de Haganah, Stern, ou Irgoun extorquaient les Palestiniens de leurs maisons sont révolus. En 1948, les Palestiniens n’étaient pas armés mais aujourd’hui lorsque Israël, ses institutions, son tribunal suprême, sa police, son armée et toute sa diplomatie, décident de déraciner les habitants d’un quartier arabe « Sheikh el-Jarrah » de Jérusalem, les missiles de Gaza sont prompts à répliquer, renversant toutes les équations.

Avec seulement 13 sièges sur 120 au Parlement, la gauche sioniste, incarnée par l’historique Parti travailliste et par le Meretz, semble devoir faire le deuil d’un État qu’elle avait fondé soixante-dix ans plus tôt.

À l’issue des confrontations actuelles, Israël observerait impuissant des centaines de milliers de ses citoyens prendre le chemin du retour vers leurs pays d’origine ; les pieds noirs sionistes seraient rapatriés. Seuls des extrémistes juifs ne voyant la vérité que dans les versets talmudiques resteraient en Palestine pour affronter leur destin.

En effet, qui oserait investir dans le gaz d’Israël lorsque les installations et les raffineries sont visées par les missiles de Gaza ? Qui oserait investir dans l’infrastructure et les différents secteurs économiques alors que ce pays a montré sa fragilité et son impuissance face à toute escalade militaire contre une petite bande de 360 km2 à Gaza, sans parler de la frontière nord d’Israël où un ennemi plus équipé que le Hamas, le Hezbollah libanais, se tient prêt à bondir pour libérer les lieux saints à Jérusalem.

Israël succombe à ses blessures et on assiste à la libération du dernier pays occupé sur cette terre, la Palestine. Les commentaires de certains hauts responsables et personnalités israéliens suite à cette dernière flambée de violence israélo-palestinienne aident le lecteur à comprendre cette nouvelle réalité :

Rony Daniel (analyste militaire du canal 2 israélien) : « Je ne suis pas rassuré quant à l’avenir de mes enfants dans cet État. Je ne pense pas qu’ils vont rester ici. »

Karamay Ghylon (ancien chef du Shabak ou Service de sécurité intérieure) : « La politique extrémiste contre la mosquée al-Aqsa va conduire à une guerre d’existence contre Israël et ce pays finira par être détruit. »

Benny Maurice (historien) : « Dans quelques années, les Arabes et les musulmans vont gagner la guerre et la minorité juive va finir par être pourchassée ou massacrée, et chanceux sont ceux qui retrouvent refuge en Europe ou en Amérique. »

Professeur au CNAM –Université libanaise

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Golda Meir, venant de Kiev, était la Première ministre d’Israël (1969-1974) et la troisième femme dans le monde à ce niveau de responsabilité. Après la guerre de Kippour (1973), elle démissionne et Yitzhak Rabin lui succède.Elle confie à des responsables du Parti travailliste que des personnalités telles que Rabin pourront protéger l’État hébreu.
Il aurait fallu plusieurs...

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