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Moyen-Orient - Éclairage

Iran-Israël : les risques d’une nouvelle escalade

L’État hébreu a promis lundi qu’il ripostera à l’explosion imputée à Téhéran à bord de son navire commercial dans le golfe de Oman.

Iran-Israël : les risques d’une nouvelle escalade

Le cargo israélien battant pavillon des Bahamas le 28 février 2021. Amarré à Dubaï depuis dimanche dernier, le navire transportait des voitures depuis l’Arabie saoudite en direction de Singapour, avant de faire l’objet d’une explosion à bord, le 25 février. Giuseppe Cacace/AFP

Se dirige-t-on vers une nouvelle escalade entre Israël et l’Iran après l’attaque dont a été la cible, jeudi dernier, le cargo israélien MV Helios Ray dans le golfe de Oman ? Lundi soir, Benjamin Netanyahu a promis que son pays riposterait face à Téhéran, qu’il accuse d’être derrière l’explosion. « Il est clair que c’est un acte iranien. Et pour ce qui est de ma riposte, vous connaissez ma politique. L’Iran est le plus grand ennemi d’Israël et je suis déterminé à l’arrêter, et nous allons le frapper partout dans la région », a déclaré le Premier ministre israélien lors d’une interview à la radio. Dimanche soir, plusieurs raids israéliens de représailles ont aussitôt été menés sur des cibles iraniennes dans la région de Damas. L’agence syrienne SANA a affirmé que le régime de Bachar el-Assad avait « abattu la plupart des missiles ». Ces tensions interviennent à l’heure où les tractations sont en cours concernant la question du nucléaire iranien.

Aux yeux de la République islamique, attaquer directement l’allié de Washington pourrait être dans son intérêt afin de mettre la pression sur l’administration Biden pour qu’il accélère les négociations et obtienne ainsi plus rapidement la fin des sanctions économiques à son encontre. « Téhéran veut forcer les Israéliens à répondre à la question de savoir si les intérêts commerciaux d’Israël valent une escalade contre l’Iran, qui pourrait conduire à une guerre dans la région, en ce moment particulier où la nouvelle administration Biden cherche à engager l’Iran dans la diplomatie nucléaire », note Nicholas Heras, chercheur au Newlines Institute for Strategy and Policy. Si le nouveau président américain a fait part de sa volonté de retourner dans l’accord de Vienne, des désaccords empêchent l’avancée du dossier, alors que la République islamique réclame la fin des mesures punitives qui lui sont imposées avant de répondre à toute demande de Washington.

Présence dans le Golfe

Dimanche, Téhéran avait d’ailleurs fait savoir que ce n’était pas le moment « approprié » pour une réunion informelle sur l’accord nucléaire, au vu des « récentes positions et actions des États-Unis et des trois pays européens ». Ces derniers souhaitent de leur côté obtenir des garanties selon lesquelles la République islamique ne chercherait pas à se doter de la bombe atomique. « L’Iran n’aura pas l’arme nucléaire, que ce soit avec un accord ou sans accord. C’est ce que j’ai dit à mon ami, le président (américain Joe) Biden », a martelé lundi Benjamin Netanyahu, dont le pays est le seul à posséder l’arme atomique dans la région. Alors que Tel-Aviv cherche à accroître sa présence dans le Golfe, les récents accords de normalisation conclus avec Bahreïn et les Émirats arabes unis, en août et en septembre 2020, peuvent être interprétés dans ce sens.

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La région a déjà été le théâtre de tensions au printemps 2019. En pleine campagne de « pression maximale » exercée par Donald Trump contre Téhéran, Washington avait soupçonné son ennemi d’être à l’origine du sabotage de plusieurs navires étrangers, notamment émiratis et saoudiens. La mer de Oman, qui se trouve à la sortie du détroit d’Ormuz, est un couloir maritime particulièrement stratégique. Situé entre l’Iran et le sultanat, celui-ci est régulièrement emprunté par les producteurs de pétrole du Moyen-Orient. « C’est une étendue d’eau très importante compte tenu du fait que le trafic du golfe arabo-Persique la traverse. Vingt pour cent du pétrole mondial passe par le détroit d’Ormuz entre le golfe arabo-Persique et le golfe d’Oman », estime Rodger Shanahan, chercheur au Lowy Institute à Sydney.

Téhéran a, pour sa part, fermement démenti lundi être à l’origine de l’attaque du cargo. Si Israël « veut utiliser cette accusation comme prétexte pour créer de nouvelles tensions, nous les surveillerons et les suivrons de près », a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Saïd Khatibzadeh, avant d’ajouter : « Si quelque chose se passe, nous y répondrons au moment opportun. » Malgré ses démentis, plusieurs experts affirment que la République islamique aurait cherché à se venger de l’assassinat attribué aux services de renseignements israéliens du scientifique et responsable-clé du programme nucléaire iranien Mohsen Fakhrizadeh, en novembre 2020. « Il y aurait eu une forte pression interne pour que l’Iran réponde aux récentes opérations contre l’Iran imputées à Israël. Cela inclut le meurtre du scientifique nucléaire Mohsen Fakhrizadeh en octobre dernier ainsi que le sabotage de l’installation nucléaire de Natanz trois mois plus tôt », observe Rodger Shanahan. Si Téhéran exerce une pression directe sur Tel-Aviv par le biais de ses milices chiites en Syrie et du Hezbollah au Liban, Israël mène régulièrement des raids sur des cibles iraniennes en Syrie et en Irak.Signe de l’accroissement des tensions ces derniers temps, l’État hébreu a mené en janvier dernier ses raids les plus meurtriers en Syrie depuis le début de la guerre civile, tuant une quarantaine de combattants étrangers rattachés à des milices pro-iraniennes.

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L’attaque de jeudi semble cependant d’une autre ampleur, Téhéran étant soupçonné de s’en être directement pris à un bateau israélien. L’État hébreu, qui craint que la République islamique ne cherche à lancer contre son territoire des missiles depuis la Syrie, s’inquiète de la menace iranienne. « Les Iraniens ont travaillé dur pour renforcer leurs capacités à frapper les Israéliens dans plusieurs régions du Moyen-Orient contre plusieurs types de cibles qui ne sont pas seulement militaires, ainsi que contre les intérêts commerciaux d’Israël. Cela signifie que les dirigeants iraniens ont plusieurs façons différentes de faire pression sur les Israéliens, ce qui rend difficile pour Tel-Aviv de déterminer comment construire une échelle d’escalade appropriée au type d’intérêt israélien que Téhéran menace », avance Nicholas Heras. « Tant qu’ils n’entrent pas en contact direct, le conflit régional se déroule normalement dans certaines limites. Cependant, il suffit d’une erreur de calcul pour que cela ne fonctionne pas », estime pour sa part Rodger Shanahan.

Se dirige-t-on vers une nouvelle escalade entre Israël et l’Iran après l’attaque dont a été la cible, jeudi dernier, le cargo israélien MV Helios Ray dans le golfe de Oman ? Lundi soir, Benjamin Netanyahu a promis que son pays riposterait face à Téhéran, qu’il accuse d’être derrière l’explosion. « Il est clair que c’est un acte iranien. Et pour ce qui est de ma...

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FEKHAR I KASSER BA3DOU !

LA LIBRE EXPRESSION

01 h 09, le 03 mars 2021

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  • FEKHAR I KASSER BA3DOU !

    LA LIBRE EXPRESSION

    01 h 09, le 03 mars 2021

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