![Aoun et Adib vont tenter d'assurer Aoun et Adib vont tenter d'assurer](https://s.lorientlejour.com/storage/attachments/1233/3-Prime-Minister-designate-Mustapha-Adib_715780.jpg/r/800/3-Prime-Minister-designate-Mustapha-Adib_715780.jpg)
Le président libanais Michel Aoun s'entretenant, le 14 septembre 2020, avec le Premier ministre désigné Moustapha Adib au palais de Baabda. Photo Dalati et Nohra
Alors que la naissance du gouvernement de Moustapha Adib semblait imminente, le président Michel Aoun et le Premier ministre désigné se sont finalement entendus, lundi, sur la nécessité de mener des contacts avec les chefs de file politiques en vue d'assurer la "plus large couverture parlementaire et politique" au nouveau cabinet. Une décision à laquelle sont parvenus MM. Aoun et Adib à l'issue d'un entretien au palais de Baabda. "Je suis venu à Baabda pour davantage de concertations. Espérons que tout ira très bien", s'est contenté de déclarer Moustapha Adib à l'issue de son entretien avec le chef de l'Etat, qui a duré environ 45 minutes.
Ces développements interviennent alors que le délai des 15 jours que les forces politiques du pays s'étaient engagées à respecter auprès du président français Emmanuel Macron, le 1er septembre dernier, pour la formation d'un gouvernement expire dans les prochaines heures. Conformément à cette initiative française pour sortir le Liban de sa crise politique et financière, M. Adib est appelé à former un cabinet "de mission" composé de 14 membres, tous spécialistes indépendants et respectant le principe de la rotation des portefeuilles au grand dam du tandem chiite. Un cabinet qui était donc censé voir le jour au plus tard mardi.
Cartes rebattues ?
Mais selon notre correspondante à Baabda Hoda Chédid, le processus de formation du cabinet "est entré dans une nouvelle phase de concertations qui pourrait remettre en question le délai de 15 jours, mais aussi les principes sur la base desquels le cabinet de 14 ministres devait être formé", ajoutant que les "cartes ont été rebattues". Toujours selon Hoda Chédid, le président et le Premier ministre désigné se sont entendus sur la nécessité de mener des contacts pour assurer la "plus large couverture parlementaire et politique au prochain gouvernement afin qu'il puisse mener les réformes attendues, avant la signature du décret de sa formation". Dans ce contexte, M. Aoun va recevoir entre aujourd'hui et demain les chefs des blocs parlementaires ou leurs représentants. Ainsi, le chef de l'Etat a reçu dans l'après-midi le chef du bloc parlementaire du "Liban fort", le leader du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, qui est également son gendre ; le député Samir Jisr, représentant le groupe parlementaire du courant du Futur de Saad Hariri ; le député Farid Haykal el-Khazen, représentant le bloc des Marada de Sleiman Frangié ; Assaad Hardane, chef du groupe du Parti syrien national social, et le représentant de la "Rencontre consultative" Fayçal Karamé. Le bloc parlementaire de la Rencontre démocratique (de Walid Joumblatt) a, lui, annoncé dans un communiqué qu'il ne participera pas à ces concertations "parce qu'elles sont contraires aux normes et une tentative de faire incomber la responsabilité (du blocage) sur les blocs parlementaires". "Ce qui se passe est une violation de l'accord de Taëf et un dépassement des prérogatives (du président, ndlr) spécifiées par la Constitution, peut-on lire dans un communiqué. Nous avons déjà exprimé notre avis clairement et franchement (lors des consultions parlementaires contraignantes pour la désignation du Premier ministre). Aujourd'hui, il faut profiter de la dernière opportunité que représente l'initiative française et former un gouvernement qui met en œuvre des réformes spécifiques et rapides".
Selon des sources informées, citées par Hoda Chédid, le Premier ministre désigné n'a présenté aucune mouture de cabinet, et ses discussions avec M. Aoun n'ont porté ni sur des noms ni sur le nombre de ministres. M. Adib se rendra de nouveau à Baabda "dans quelques jours lorsque les concertations auront mûri".
Cet appel aux concertations, qui est sans doute une initiative du président, M. Adib s'étant jusque-là refusé à toute discussion sur la formation de son équipe hors du cadre des consultations parlementaires qu'il a menées au lendemain de sa désignation, intervient alors que le leader du mouvement Amal, Nabih Berry, qui forme le tandem chiite avec le Hezbollah, avait annoncé la veille que sa formation ne participera pas à un gouvernement ne répondant pas à ses exigences, en ce qui concerne le portefeuille des Finances. M. Berry a rejeté l’idée d’un "gouvernement de spécialistes sans loyauté partisane" mais s’est toutefois engagé à coopérer au maximum avec la nouvelle équipe dans l’intérêt du pays. Avant lui, le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil avait dénoncé les "parties locales qui veulent faire échouer" l'initiative Macron, dans un message adressé au tandem chiite sur la rotation des portefeuilles. Il avait lui aussi fait part de son intention de ne pas faire partie du prochain gouvernement. C'est dans ce contexte que le président français Emmanuel Macron est entré en contact ce weekend avec les responsables libanais, les pressant de faciliter la naissance du cabinet dans les délais fixés.
Arslane exige un portefeuille régalien aux druzes
Le chef du Parti démocratique libanais, le druze Talal Arslane, a, lui, réclamé lundi un ministère régalien pour la communauté druze, sur la base du principe de la rotation des portefeuilles que le Premier ministre désigné semble vouloir adopter. "Si le principe de la rotation des portefeuilles venait à être adopté, en plus des critères de compétence, comme ils le déclarent, alors il va de soi qu'il faudrait donner aux druzes un portefeuille régalien. Les fantômes chargés de la formation du cabinet doivent corriger cela", a écrit M. Arslane sur son compte Twitter. Traditionnellement, les portefeuilles régaliens sont distribués aux communautés maronite, orthodoxe, sunnite et chiite. "Nous ne reconnaîtrons pas les normes selon lesquelles la communauté fondatrice de l’entité libanaise reste écartée des portefeuilles régaliens", a-t-il ajouté.
Depuis l'automne dernier, le Liban vit au rythme d'une pression accrue de la rue ayant forcé deux gouvernements à démissionner, sur fond d'une crise économique profonde, amplifiée par le Covid-19. L'ex-Premier ministre, Hassane Diab, a dû rendre son tablier quelques jours après la double explosion du port de Beyrouth, le 4 août dernier, qui a fait plus de 190 morts et plus de 6.500 blessés.
Une aide internationale de plusieurs milliards de dollars a été promise au Liban en 2018, mais ces fonds restent bloqués dans l'attente d'un plan crédible de réformes structurelles. Une "feuille de route" fixée par la France comporte une série de mesures visant à lutter contre la corruption endémique dans le pays et à restaurer la situation économique du pays, ce qui passe notamment par une restructuration du secteur financier, alors que le cours de la livre est en chute libre, plongeant de nombreux Libanais dans la pauvreté.
Nous avons tous lu la même chose? Le président conseille à M. Adib de ne peut se figer sur le nombre des ministres et de prendre son temps pour former son gouvernement. Exactement le contraire de ce que ce le PM avait annoncé à son arrivée. Si ça n’est pas fait exprès pour lui enlever toute crédibilité aux yeux du peuple libanais je ne sais pas ce que c’est. cela veut dire qu’il n’a pas respecté sa parole et surtout que ça va dans le sens contraire de ce que les citoyens et la France lui demandent. Il peut dire à Aoun qu’il est assez grand pour savoir ce qui est bon pour le pays contrairement à lui qui jusqu’à maintenant peine à l’intégrer.
15 h 06, le 15 septembre 2020