Le patriarche maronite, Béchara Raï, a appelé mardi les responsables politiques à ne pas "doucher les espoirs de la révolution" populaire enclenchée le 17 octobre et qui appelle au départ des dirigeants accusés de corruption et d'incompétence. Cet appel intervient alors que le Premier ministre désigné, Hassane Diab, doit former son équipe ministérielle. M. Diab est cependant déjà conspué par la rue qui l'accuse de faire partie de la même classe politique qu'elle rejette.
L'ancien ministre de l'Education et universitaire Hassane Diab avait été désigné jeudi dernier Premier ministre après avoir été soutenu par le Hezbollah et ses alliés. La rue reste toutefois sceptique quant à sa désignation. Le mouvement de contestation estime que M. Diab fait partie de la même classe politique corrompue dont les manifestants réclament le départ depuis le 17 octobre tandis que dans les régions sunnites les contestataires, majoritairement des partisans du Premier ministre sortant Saad Hariri, estiment qu'il ne bénéficie pas d'une couverture sunnite suffisante, n'ayant recueilli les voix que de six députés sunnites sur 27.
"Le peuple a exprimé, par la voix de ses jeunes et moins jeunes, de ses hommes et femmes, les maux dont il souffre et les réformes qu'il réclame, dans le cadre d'une révolution positive sans relâche depuis 70 jours. Nous espérons que cela se poursuivra de la même façon, sans que la révolution ne devienne négative et destructrice, a plaidé le prélat maronite. La révolution positive coopère avec l'armée et les forces de sécurité et les respecte. Elle allège le poids des souffrances supportées par les citoyens, notamment en leur laissant la possibilité de se déplacer et de travailler. (...) Que ce soulèvement, cette révolution libre de toute ingérence, soient bénis. Ne l'ignorez pas, vous les responsables politiques, ne douchez pas ses espoirs, car cette révolution n'a pas d'ambitions personnelles, mais s'inscrit dans le cadre de l'intérêt général, du retour aux bases sur lesquelles le Liban a été bâti et qui fait que le pays se démarque de tous les Etats de la région, à travers sa diversité culturelle et religieuse, dans le cadre de l'union nationale et de l'appartenance à la nation", a affirmé Mgr Raï.
Dimanche, le patriarche maronite avait appelé "toutes les forces politiques à coopérer avec le chef du gouvernement désigné et à lui faciliter la tâche", condamnant une classe politique qui "a conduit l’Etat à l’effondrement économique, financier et social" pour avoir "ignoré la voix de Dieu qui se fait entendre dans sa conscience, et n’avoir prêté l’oreille qu’à ses intérêts propres et à ses gains illicites". Il avait également condamné les agressions qui ont récemment visé les forces de l’ordre et demandé aux manifestants de "s’interdire de couper à la circulation les grands axes routiers sur toute l’étendue du territoire, afin de permettre à la population de circuler et ne pas la priver de la joie des fêtes".
"Plus de mauvaise gouvernance"
"Notre peuple résiste face à la crise économique et sociale, tout comme il l'a fait lors des périodes difficiles et dangereuses. Mais il n'acceptera plus la mauvaise gouvernance qui a prévalu depuis les années 1990. Car la corruption s'est répandue et le déficit public s'est aggravé, tout comme la dette publique, la pauvreté et le chômage (...)", a encore déploré Béchara Raï.
Pour lui, "nos malheurs résultent du fait que nos dirigeants refusent de céder le pouvoir depuis des décennies et se partagent ce pouvoir ainsi que l'argent du peuple, en dépensant sans compter, provoquant une accumulation de dettes pour l'Etat. Ils ont poussé le pays vers l'effondrement économique et financier et plus d'un tiers de la population libanaise est dans la pauvreté. Ils ont poussé 35% des jeunes diplômés vers le chômage (...)", a regretté le chef de l'Eglise maronite.
Pour sa part, le président du Parlement Nabih Berry a adressé ses vœux aux Libanais à l'occasion de Noël, espérant les voir "s'inspirer de la naissance du Christ pour ranimer les valeurs d'union, d'amour et du sauvetage de la nation pour que cette dernière sorte indemne de la crise".
Le Liban est en proie à l'une de ses pires crises sociale et économique depuis la fin de la guerre civile (1975-1990). La communauté internationale a conditionné toute nouvelle aide financière à la formation d'un cabinet réformateur.
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Ceux sont des paroles dans le vent Mg. Rai vous savez qui gouverne le pays le seul qui a ose parler c'est Mg. Audi
20 h 21, le 25 décembre 2019