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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Malgré sa troisième place aux législatives israéliennes, la liste unie des partis arabes ne fera pas le roi

Les députés arabes auront 12 sièges dans la nouvelle Knesset.


Des députés de la liste jointe arabe célébrant leur victoire mardi. Ahmad Gharabli/AFP

C’est une petite victoire pour la liste unie des partis arabes menée par Ayman Odeh qui est arrivée en troisième position lors des législatives israéliennes de mardi dernier. Selon les dernières estimations, elle obtient 12 sièges et fait mieux que lors du scrutin d’avril où les partis arabes s’étaient présentés séparément et n’avaient récolté de manière cumulée que 10 sièges. La liste se retrouve donc derrière les deux principales formations rivales que sont la coalition « Bleu-blanc » emmenée par Benny Gantz et le Likoud de Benjamin Netanyahu.

Lors du dernier scrutin, la mobilisation des Arabes israéliens – terme désignant les descendants des Palestiniens restés sur leurs terres lors de la création de l’État d’Israël en 1948 – avait été très faible. Moins de la moitié des électeurs s’étaient rendus aux urnes. Cette fois-ci, les élections ont rassemblé plus de 60 % du corps électoral arabe.

Bien que d’habitude les troisièmes arrivés peuvent prétendre à la fonction de « faiseurs de roi », cela ne sera pas le cas de la liste unie des partis arabes. En effet, l’ancien chef d’état-major de l’armée, Benny Gantz, a d’ores et déjà exclu la possibilité d’une coalition incluant cette formation. M. Netanyahu a quant à lui axé sa campagne sur la défense d’un sionisme qu’il décrit comme menacé par les Arabes israéliens. La liste unie des partis arabes n’exclut néanmoins pas la possibilité de soutenir du bout des lèvres M. Gantz, suivant la logique du « moindre mal ». « Notre cap est très clair. Nous voulons changer le gouvernement de Netanyahu, mais nous ne sommes dans la poche de personne », a déclaré M. Odeh.


(Lire aussi : La bataille pour former le futur gouvernement israélien)



L’annexion de la Cisjordanie n’est pas un enjeu

La colonisation de la Cisjordanie ne constituera pas l’enjeu du soutien qu’apportera peut-être la liste unie des partis arabes à Benny Gantz. En effet, il n’y a pas une feuille de papier à cigarette qui a séparé les programmes des deux rivaux principaux sur ce sujet. La coalition « Bleu-blanc » de M. Gantz est même allée jusqu’à accuser M. Netanyahu de reprendre son programme concernant la promesse d’annexion d’un tiers de la Cisjordanie et le lancement d’une nouvelle guerre contre la bande de Gaza. En revanche, à la vision plus libérale de la société que propose Benny Gantz, s’est ajouté son choix d’une stratégie plus modérée vis-à-vis de l’électorat « arabe israélien » qui tranche avec la rare violence dont M. Netanyahu a fait preuve au cours de sa campagne. Ce dernier n’a lésiné sur aucun moyen pour tenter de parvenir à ses fins, accusant la population arabe de « vouloir tous nous détruire – femmes, enfants et hommes ». Le Premier ministre sortant en est même venu à se rassembler avec des militants de son parti à la gare routière centrale de Jérusalem, en brandissant des pancartes indiquant que le taux de participation arabe était élevé. Durant la campagne, il avait même essayé d’imposer une loi autorisant à filmer à l’intérieur des bureaux de vote arabes dans le but d’intimider l’électorat. Lors du scrutin d’avril, des militants du Likoud avaient d’ailleurs secrètement filmé à l’intérieur de ces bureaux. Vaine tentative, les Arabes israéliens sont allés voter mardi en masse comme un pied de nez aux pressions subies.


(Lire aussi : Mis en difficulté, Netanyahu tente d’ajouter d’autres cordes à son arc)



Gantz, un profil plus modéré

Pour sa part, M. Gantz a promis plus de développement dans les zones arabes en Israël. Il a également fait preuve d’une posture moins radicale vis-à-vis des Arabes israéliens. Benny « Gantz a été très critique de la manière dont M. Netanyahu a sapé les libertés civiles dans le pays au détriment de tous les citoyens. Bien sûr, les citoyens palestiniens sont ceux qui subissent le plus fortement la montée de l’autoritarisme puisqu’il s’agit d’une minorité dont le caractère autochtone est nié par la majorité. M. Gantz se présente comme une version plus douce de M. Netanyahu, moins prompte à l’incitation contre les Palestiniens à l’intérieur d’Israël », analyse pour L’Orient-Le Jour Zaha Hassan, avocate en droits humains et chercheuse invitée sur le Moyen-Orient auprès du Carnegie Endowment for International Peace. Il est néanmoins à douter que les gestes de cet ancien chef d’état-major israélien envers l’électorat arabe aillent au-delà. M. « Gantz a déjà indiqué qu’il ne formerait pas de coalition avec les parties palestiniennes. Il est fort peu probable qu’il change d’avis vu qu’il n’a même pas manifesté la volonté d’abroger la loi fondamentale de l’État-nation juif qui dispose que les juifs ont un droit exclusif à l’autodétermination, déniant ainsi aux citoyens palestiniens l’égalité devant la loi », explique Mme Hassan. « Si la coalition “Bleu-blanc” forme un gouvernement d’unité nationale avec le Likoud, aucun accord ne pourra être trouvé avec la liste unie des partis arabe car le Likoud ne pourrait l’accepter », ajoute-t-elle.

Le scrutin de mardi confirme la droitisation de l’opinion publique israélienne et le déclin du « camp de la paix » israélien. Ainsi, concernant l’annexion de la Cisjordanie, « en 2016, 70 % des sondés s’y déclaraient hostiles. En 2019, ils ne sont plus que 28 % », écrit dans un blog publié sur le site de Mediapart Dominique Vidal, historien et spécialiste en relations internationales. « Quant au pourcentage de partisans de la solution dite “des deux États”, il est tombé de 53 % à 34 % », ajoute-t-il.


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C’est une petite victoire pour la liste unie des partis arabes menée par Ayman Odeh qui est arrivée en troisième position lors des législatives israéliennes de mardi dernier. Selon les dernières estimations, elle obtient 12 sièges et fait mieux que lors du scrutin d’avril où les partis arabes s’étaient présentés séparément et n’avaient récolté de manière cumulée que 10...

commentaires (3)

La democratie Israelienne en marche.

IMB a SPO

17 h 44, le 19 septembre 2019

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Commentaires (3)

  • La democratie Israelienne en marche.

    IMB a SPO

    17 h 44, le 19 septembre 2019

  • C,EST QUE LES PALESTINIENS DU DEDANS NE SAVENT PAS S,Y PRENDRE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 53, le 19 septembre 2019

  • Quand l'axe de la résistance aura réglé le problème des bensaouds qui constituent une des béquilles de ce pays usurpateur, le chef de cet axe VLADO POUTINE s'occupera de ce pays à la dérive totale . On a vu chitanyahou faire des va et vient chez le maître du M.O Poutine , mais on nous a jamais dit ce que le boss lui a dit . Ceux qui savent , savent .

    FRIK-A-FRAK

    10 h 24, le 19 septembre 2019

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