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À La Une - Portrait

Rémi Ochlik, un jeune photographe "bouffeur de terrain"

Photo non datée de Rémi Ochlik prise par le photojournaliste français Lucas Mebrouk Dolega. Photo AFP

Rémi Ochlik, photographe français de 28 ans tué à Homs en Syrie, était, de l'avis de ses confrères un professionnel de grand talent, passionné par son métier qu'il voulait exercer "au plus près de l'événement".

 

"On a vingt ans et pas vraiment envie de mourir, on donnerait tout pour être loin, très loin, ne jamais être venu", confiait-il au retour de son premier reportage, en Haïti. Mais à peine le danger passé, "nous voilà avec une seule envie, une seule idée fixe : y retourner, encore et encore". "La guerre est pire qu'une drogue", ajoutait le jeune homme de 20 ans à l'époque.

 

Svelte, cheveux bruns courts et regard bleu, ce célibataire avait co-fondé en 2005 l'agence IP3 Press, dont l'objectif était de couvrir l'information à Paris et les conflits dans le monde. Son site portfolio (www.ochlik.com) affiche de nombreuses photos de guerre, souvent à couper le souffle, et quelques-unes de France, manifs ou campagne présidentielle de 2007.

 

"Il avait envie de bouffer du terrain, ce métier il le transpirait, il l'aimait profondément", a raconté à l'AFP son confrère Franck Medan, précisant que ce "grand pro" avait "l'habitude de couvrir ce genre de situations" dangereuses.

Originaire de Lorraine (est), il avait commencé comme stagiaire à l'agence Wostok à Paris en 2003, pendant ses études de photo à l'école Icart.

 

"Quand j'ai demandé à Rémi ce qu'il voulait devenir, il m'a tout de suite répondu : photographe de guerre", disait la directrice de l'agence à l'époque, Slavica Jovicevic, à l'occasion du festival international de photojournalisme Visa pour l'Image. "J'ai été impressionnée par son talent extraordinaire, les photojournalistes aussi doués que lui sont rares", ajoutait-elle.

 

A 20 ans, en février 2004, Rémi Ochlick tombe sur une dépêche de l'AFP évoquant le conflit en Haïti, où des rebelles menacent de prendre le pouvoir, après la chute du président Aristide. Il part, tout seul, trois semaines.

Ses photos lui valent un premier prix pour les jeunes reporters et une présentation au festival Visa pour l'image, une opportunité rare et un "sérieux coup de pouce" pour un débutant, souligne Franck Medan, actuel gérant de Wostok qui a connu le photographe à ses débuts.

 

Jean-François Leroy, le directeur du festival, expliquait alors: "On m'a montré un travail sur les événements d'Haïti. Très beau, très fort. Je ne connaissais pas le mec qui a fait ça. Je l'ai fait venir. Il s'appelle Rémi Ochlik, il a vingt ans. Il a travaillé tout seul, comme un grand. Voilà. Le photojournalisme n'est pas mort".

 

"D'une grande humilité, plein d'énergie, curieux, il travaillait au 35 mm, il n'avait pas les moyens de s'équiper d'un téléobjectif. Mais même s'il l'avait pu, il voulait aller loin, être au plus près de l'événement et vivre les choses pleinement", a expliqué Franck Medan à l'AFP.

 

Lauréat du World Press Photo 2012 pour ses reportages en Libye, Rémi Ochlik avait travaillé en République démocratique du Congo en 2008 et était retourné en Haïti pour l'épidémie de choléra et l'élection présidentielle en 2010.

 

En 2011, il a couvert tous les théâtres du Printemps arabe, témoin des révolutions en Tunisie, en Egypte, et du soulèvement et de la guerre de Libye. Ses photos, aussi terribles qu'humaines, ont notamment été publiées dans Paris Match, Time magazine et le Wall Street Journal.

Rémi Ochlik, photographe français de 28 ans tué à Homs en Syrie, était, de l'avis de ses confrères un professionnel de grand talent, passionné par son métier qu'il voulait exercer "au plus près de l'événement".
 
"On a vingt ans et pas vraiment envie de mourir, on donnerait tout pour être loin, très loin, ne jamais être venu", confiait-il au retour de son premier reportage, en...

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