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Moyen Orient et Monde - Reportage

Palmyre, la cité antique en état de siège

La cité antique de Palmyre, dans le centre de la Syrie, est assiégée par l’armée depuis début février, et les habitants disent vivre dans la crainte des soldats du régime qui tirent sur « tout ce qui bouge ».


« Les soldats entourent Palmyre de tous les côtés : la citadelle arabe, les champs d’oliviers et de palmiers, le désert et la ville », affirme ainsi un habitant. L’armée a installé son camp dans la citadelle médiévale qui surplombe les ruines romaines et la ville de 60 000 habitants, précise cet homme qui refuse d’être identifié par peur de représailles. Aujourd’hui, « depuis la citadelle, les tirs de mitrailleuse pleuvent sur tout ce qui bouge dans les ruines parce qu’ils pensent qu’il y a des rebelles », ajoute-t-il.


Ces ruines romaines monumentales, inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco, faisaient de cette oasis au nord-est de Damas une destination touristique de choix, avant que n’éclate la révolte. Des centaines de résidents ont fui Palmyre, effrayés par les informations qui circulent sur le décès de trois civils dans la région, abattus par les forces du régime, expliquent d’autres habitants. L’un d’eux est Adnane el-Kébir, dont la famille possède l’hôtel al-Waha (l’oasis en arabe) dans le centre-ville. Une vidéo diffusée sur YouTube le montre avec une blessure à la tête, visiblement causée par une balle. Trois de ses amis l’ont identifié sur ces images.
Dans la ville, les communications ont été coupées au début du siège. Ceux qui ont fui évoquent des tirs quotidiens provenant de mitrailleuses et de chars. « La majorité des jeunes hommes sont partis ou essayent de partir par peur d’être arrêtés et incarcérés. Il n’y a que les personnes âgées et les fonctionnaires qui restent », relate un homme qui a réussi à partir. Les femmes et les jeunes filles ont été exfiltrées vers des endroits sûrs, explique-t-il depuis un pays voisin où il est entré récemment.


Des centaines de personnes ont ainsi quitté Palmyre, oasis prisée des caravanes sur la route de la soie, où la reine Zénobie, qui défia Rome au IIIe siècle, vit le jour. « Les gens, qu’ils soient liés ou non aux rebelles, s’enfuient parce que les forces de sécurité arrêtent n’importe qui, au hasard », affirme un Syrien passé en Jordanie, qui a vu des chars et des points de contrôle autour de la ville. Les forces de sécurité ont également installé des barrages à l’intérieur de Palmyre, interpellant les hommes de 20 à 40 ans, raconte un autre habitant qui s’est enfui. « Beaucoup de gens ont disparu, on ne sait pas s’ils sont emprisonnés ou morts », explique l’homme de 31 ans qui a réussi à sortir après cinq jours de siège.


Selon des habitants, les militants antirégime, en fait des groupes de jeunes peu organisés, utilisaient les champs pour se réunir, entraînant des représailles du régime dans cette région où de nombreux habitants tirent la quasi-totalité de leurs revenus de la culture des olives et des dattes. « Les champs près des ruines ont été les plus touchés. Les gens vont devoir replanter et attendre 10 ans avant de revoir une bonne saison », lance un homme qui a également fui quand les soldats et leurs chars ont détruit ses terres.
La répression de la contestation par les forces du président Bachar el-Assad avait épargné Palmyre jusque début février. « Il y avait une sorte d’accord tacite entre les habitants et les autorités : les forces de sécurité n’entreraient pas dans Palmyre tant que la ville se tiendrait tranquille », explique un résident. Les habitants disent que tout a basculé le jour où le général sunnite chargé de la sécurité dans la région a été remplacé, le régime lui ayant préféré un alaouite.

La cité antique de Palmyre, dans le centre de la Syrie, est assiégée par l’armée depuis début février, et les habitants disent vivre dans la crainte des soldats du régime qui tirent sur « tout ce qui bouge ».
« Les soldats entourent Palmyre de tous les côtés : la citadelle arabe, les champs d’oliviers et de palmiers, le désert et la ville », affirme ainsi un habitant....

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