En début de soirée, les forces de sécurité ont tiré des gaz lacrymogènes et des bombes assourdissantes pour disperser des milliers de personnes, qui tentaient de marcher sur la place de la Perle à Manama, haut lieu symbolique de la contestation, selon des témoins. Le ministère de l’Intérieur a indiqué de son côté que ses agents répliquaient à des protestataires qui les attaquaient à coups de cocktails Molotov et de pierres, ajoutant qu’une manifestation autorisée du Wefaq, principal groupe de l’opposition chiite, avait ainsi « perdu son caractère pacifique ». Le chef de la sécurité générale, le général Tarek el-Hassan, a, lui, mis en garde contre « les appels provocateurs sur les réseaux sociaux à des manifestations ou des activités illégales ».
Dans les banlieues chiites de Manama, des affrontements avaient précédemment opposé dans la nuit de dimanche et jusqu’à l’aube des manifestants à la police qui les a dispersés à l’aide de tirs de gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes, toujours selon des témoins. Plusieurs personnes ont été blessées mais ont préféré ne pas se rendre dans les hôpitaux gouvernementaux de peur d’être arrêtées, a précisé l’un d’eux. Des milliers de personnes avaient alors participé à un rassemblement au cours duquel le chef du Wefaq, cheikh Ali Salmane, a dénoncé « la dictature » des el-Khalifa, la dynastie sunnite au pouvoir, et appelé à « un régime démocratique et à la bonne gouvernance ». Il a ajouté qu’une reprise du dialogue avec le régime, rompu en juillet, devrait désormais se faire d’égal à égal. « Il n’y aura point de dialogue entre esclaves et maître », a-t-il dit sous les applaudissements.
Les protestataires répliquent souvent aux tirs de la police par des jets de pierres, en scandant des slogans appelant à une monarchie constitutionnelle et à la poursuite d’une résistance « pacifique » à la répression policière. Mais certains protestataires appellent aussi au renversement du roi Hamad ben Issa el-Khalifa, en scandant « À bas Hamad » ou « Le peuple veut la chute du régime », selon des vidéos mises en ligne sur des sites de l’opposition. Pour leur part, les « partisans de la révolte du 14 février à Bahreïn », qui ont appelé à marcher sur la place de la Perle, ont affirmé dans un communiqué qu’il n’y aurait « pas de dialogue jusqu’à la chute du régime ».
De son côté, le roi Hamad a déploré « l’absence d’une opposition unifiée » pour servir d’interlocuteur avec le gouvernement, dans un entretien au quotidien allemand Der Spiegel, dont des extraits ont été publiés hier par l’agence officielle BNA. Il a en outre de nouveau accusé « certaines parties » en Iran de vouloir « porter atteinte à la sécurité et à la stabilité » de Bahreïn, justifiant ainsi le recours aux troupes du Golfe, notamment saoudiennes, qui sont intervenues en mars 2011 pour prêter main-forte à la dynastie face au soulèvement.
Cependant, Amnesty International a estimé hier que Manama n’avait pas mis en œuvre les réformes recommandées par une commission d’enquête indépendante sur la répression de la contestation. Cette dernière s’était soldée par 35 morts : 30 civils, dont 5 décédés sous la torture, et 5 membres des forces de sécurité, avait indiqué cette commission dans son rapport rendu en novembre. De plus, Amnesty a fait état hier « d’au moins 20 autres morts » dans les heurts qui se sont poursuivis par intermittence à Bahreïn, portant ainsi le bilan à au moins 55 personnes tuées en un an.
(Source : AFP)
commentaires (3)
Au Bahreïn, il n'y a pas encore de bandes armées (dieu sait combien cela serait facile à l'Iran sil le voulait). La famille régnante qui croit que tout lui appartient dans ce pays est vivement priée de changer la constitution et de la proposer à un vote référendaire à l'instar des grands et courageux Syriens... Allez... osez messieurs les arabo-golfiens!
Ali Farhat
15 h 36, le 15 février 2012