Alors qu'elle allait retrouver des amis dans un café de Jaramana, petite ville située à quelques kilomètres de Damas, Hanadi Zahlout, journaliste syrienne indépendante, a été arrêtée le 4 août par les services de sécurité syriens, selon l'ONG Amnesty International. Reporters sans frontières date sa disparition au 25 juillet. Âgée de 29 ans, elle participait à l’organisation des manifestations anti-régime en Syrie et militait pour les droits des femmes à travers les réseaux sociaux. Hanadi était notamment engagée dans la lutte contre les crimes d'honneur.
Elle se trouverait au centre de détention d’al-Fayha'a à Damas, où elle serait soumise à de mauvais traitements physiques et psychologiques, selon l'ONG al-Karama. "Des personnes ayant récemment été remises en liberté après avoir été incarcérées à la section de la Sécurité politique à Damas ont déclaré l'avoir vue en détention sur place, et ont ajouté qu'elle avait fait des "aveux" après avoir été forcée à regarder une amie se faire torturer", indique de son côté Amnesty. Ses tortionnaires voulaient qu'elle avoue la teneur de ses activités dans le cadre de l'organisation de manifestations, a précisé al-Karama. Inquiète pour son intégrité physique et morale, l’ONG a soumis son cas au Rapporteur spécial de l'ONU sur la torture, et suit de près l'évolution de sa situation. A ce jour, Hanadi n'a toujours pas été présentée devant le juge et n'a pas eu accès à une assistance juridique, selon le site cyberdissidents.org.
Son action, ses paroles, sa plume et sa voix libre constituent des motifs suffisants, dans un pays passé en mode ultra-répressif, pour lui valoir l'arrestation, la prison et le reste. Mais la "traîtrise" de Hanadi tient surtout à un facteur beaucoup plus grave : elle est alaouite. Une raison de plus qui fait de cette fervente activiste des droits de l’homme, une cible de choix pour les partisans du régime appartenant à cette même communauté.
Selon le Centre syrien pour les médias et la liberté d’expression, cité par cyberdissidents.org, Hanadi avait déjà reçu des menaces en 2009. Le message était clair : si Hanadi n'arrêtait pas d'écrire, elle s'exposait à quelque chose de vraiment déplaisant.
Plusieurs journalistes, défenseurs des droits de l'homme, militants politiques, opposants au régime, caricaturistes ont déjà payé très cher leur liberté de parole et d'écriture. Menacés, arrêtés, emprisonnés, torturés et même assassinés, ces personnes subissent la répression d’un régime qui fait taire tous ceux qui s’y opposent. Les tortures infligées au caricaturiste Ali Ferzat, enlevé le mois dernier à Damas sont emblématiques du traitement réservé à tous ceux qui ont eu l'audace de prendre goût à la liberté.
Il faut espérer que Hanadi soit libérée rapidement. Mais cette liberté physique n’est assurément pas la seule liberté pour laquelle la jeune femme et tant d’autres manifestent, malgré la répression.
commentaires (9)
Ca alors....et on s'étonne qu'on l'ai arreté?!!? Bon...une fille, même mignonne, qui organise des manifestations, qui POURRAIENT être armées en fin de compte, doublée d'une journaliste indépendante qui POURRAIT bien être une des coordinatrices de ceux qui filment, pour la presse des démocrates khaligites arabes, avec des moyens satellitaires avancés, les "Nuques des manifestants de on ne sait où" et les pancartes tournés vers l'arrière (étranges manifestations quand même, pour un monde qui veut aller de l'avant). Ben...saura-t-on la vérité un jour??
Ali FARHAT
19 h 17, le 12 septembre 2011