Des militaires et un membre de la police spéciale en patrouille à l’aéroport Ataturk à Istanbul, hier, après l’attaque terroriste qui a eu lieu mardi. Murad Sezer/Reuters
Pourquoi l'État islamique attire-t-il autant des combattants venus de cette région du globe ?
Il n'y a pas plus de combattants de l'État islamique (EI) originaires d'Asie ou du Caucase que du Maghreb par exemple. Dans le courant jihadiste, composé de multiples groupes, l'État islamique attire les jeunes. Pourtant, bien entendu, il y a des jeunes et des moins jeunes qui rejoignent ses rangs, mais l'EI séduit les nouveaux jihadistes. Les anciens, ceux qui connaissent le jihad de longue date, sont fidèles à d'autres groupes moins récents.
Comment ces pays gèrent-ils les sorties de leur territoire ? Mènent-ils une guerre efficace contre le terrorisme à l'intérieur de leurs frontières ?
En Asie centrale, depuis plusieurs décennies, il y a des mouvements jihadistes actifs et qui recrutent. Au Tadjikistan par exemple, ceux qui font le jihad rejoignent l'EI en Afghanistan. Pour des jihadistes, sortir de leur pays n'est pas extrêmement compliqué. Les sympathisants de l'EI comme d'autres groupes partent par exemple pour le pèlerinage à La Mecque ou encore pour des études de théologie. Pour les Tchétchènes par exemple, même s'il est toujours suspect d'aller suivre des études de théologie en Arabie saoudite, certains le font. Il existe des réseaux de théologie, comme en Égypte ou en Syrie avant l'apparition de l'EI, qui accueillaient beaucoup de musulmans russes ou caucasiens convertis. C'est là que certains étudiants faisaient de « mauvaises rencontres », dans les universités islamiques. Mais ces pays ne peuvent interdire totalement à leurs citoyens de partir en voyage. Ce n'est pas faisable et il y a certaines conventions entre les institutions musulmanes des deux pays qui permettent des échanges.
Pourquoi l'État islamique aurait-il envoyé des jihadistes d'Asie centrale et du Caucase pour viser la Turquie ? Et pourquoi ne pas avoir revendiqué ces attentats ?
Personnellement, je suis étonné de voir qu'il n'y a pas encore eu d'attentat de grande envergure mené en Russie, vu le nombre de jihadistes en possession d'un passeport russe. La question n'est même pas de savoir s'il y aura un jour un gros attentat en Russie, la question est de savoir quand. Pour ce qui est des revendications, je vois deux raisons à cela. Tout d'abord, l'État islamique ne revendique jamais ses attaques menées en Turquie, sauf les assassinats de Syriens anti-EI. D'autre part, l'hypothèse différente, c'est que cette opération à l'aéroport d'Istanbul est un fiasco total. Car finalement parmi les victimes se trouvent des ressortissants qui ne sont pas considérés par l'État islamique comme des ennemis. Ils ont peut-être voulu viser en premier lieu un comptoir ou un bureau d'enregistrement d'une compagnie qui mène vers un pays ennemi, vers une destination avec moins de musulmans. Mais dans un aéroport comme celui d'Istanbul, qui est rappelons-le la principale escale pour le pèlerinage de La Mecque et beaucoup de petits pèlerinages pendant le ramadan, il y avait forcément un grand nombre de musulmans. Il est donc risqué pour l'État islamique de revendiquer un attentat raté. Mais ils vont revendiquer un jour un attentat de grande envergure et ainsi officialiser leur guerre contre (le président truc) Erdogan. Jusqu'à présent, ils ne revendiquaient pas afin de maintenir la pression sur le gouvernement d'Ankara. Avant, les cibles étaient des manifestations de gauche ou des manifestations prokurdes, mais là il s'agit d'une déclaration de guerre contre la Turquie. Mais très honnêtement, je ne pense pas que l'EI revendiquera cette attaque.
Rq : Des précisions ont été ajoutées à cet article le 01/07/2016 à 17h45.
Lire aussi
L’inquiétude grandissante du peuple turc
« Les Turcs ne sont pas habitués aux circonstances exceptionnelles comme les Libanais... »
L’ombre de l’EI derrière le triple attentat-suicide à l’aéroport d’Istanbul
commentaires (1)
Il faut juste imaginer 2 alliés comme 2 larrons en foire qui se jettent sur une victime tierce dans un plan qu'on a en commun . Ces 2 larrons ont élaboré ensemble des plans d'attaque où les rôles étaient partagés, pour l'un c'est de s'occuper de l'international, et pour l'autre du local . En cours de route le 1er qui s'occupe de l'international, Cad la Turquie d'erdo , comprend que ses intérêts ne concordent plus avec ceux de celui qui s'occupe du local , et lui fait volte face , faux bond , la réaction de son associé, le terrorisme wahabite se fera virulente , mais par respect pour un ex allié, on le plante dans le dos mais sans revendique le coup , pour lui faire sentir qu'on a été aussi planté par lui . Telle est la situation de la Turquie d'Erdo, qui devra payer de toute façon ses erreurs aussi bien pour avoir trahi les russes , les occidentaux mais aussi ses ex alliés wahabites . Il s'en ira par la petite porte sans avoir rien obtenu , ni le soutien de ses alliés de l'otan, ni Alep , ni la confiance des terroristes wahabites .
FRIK-A-FRAK
10 h 55, le 01 juillet 2016