Ses proches l'appellent Abou Hussein, du prénom de son fils tué dans un incident tragique en Colombie, et Abdel Rahim Mrad n'y trouve rien à redire, précisant qu'il s'est inspiré du Prophète pour donner des prénoms à ses enfants : Hussein, Hassan, Omar, Zeinab. À la tête d'un empire académique (27 000 étudiants inscrits dans ses universités au Liban, sans parler de ses universités à Sanaa, Aden et Taaz au Yémen, et en Mauritanie, ainsi que de ses écoles techniques et de ses institutions sociales), il considère primordial d'inculquer aux jeunes la notion d'arabité pour laquelle il se bat et à laquelle il n'a jamais cessé de croire, même après le déclin du nationalisme arabe au profit des clivages confessionnels.
C'est d'ailleurs la ligne directrice du parti qu'il a fondé il y a des décennies, « al-Ittihad ». Un parti qui a connu des hauts et des bas selon les développements locaux et régionaux, mais qui continue d'exister. Plus même, il est de plus en plus important sur la scène sunnite, au point que le chef du courant du Futur, Saad Hariri, a noué une alliance avec lui lors des dernières élections municipales.
Abdel Rahim Mrad raconte que c'est lui qui a pris l'initiative en voyant la situation de délabrement des institutions et l'exacerbation des tensions confessionnelles, notamment entre sunnites et chiites, alors que les scandales de corruption se multiplient. Abou Hussein estime qu'il s'agit là d'un « plan occidentalo-sioniste » visant à effriter le monde arabe, en détruisant ses armées et en créant des divisions ethniques et confessionnelles.
Face à ce plan, Abdel Rahim Mrad brandit un renouvellement du concept d'arabité, autour d'une épine dorsale qui regrouperait la capitale des califes rachidites (Riyad), celle des Omeyyades (Damas), celle des Abbassides (Bagdad) et celle des Ayoubides (Le Caire). Il a d'ailleurs développé récemment ce thème avec le vice-héritier du trône saoudien, le prince Mohammad ben Salmane, au cours d'un entretien de près de 60 minutes. M. Mrad affirme que l'émir est un homme aimable, pas du tout arrogant, cultivé, et qu'il écoute attentivement ses interlocuteurs. C'est aussi un homme de décision et de position, tout en étant ouvert au débat. L'émir a donc commencé par évoquer avec Abdel Rahim Mrad ses positions au sujet de la guerre du Yémen, lorsqu'il avait dit que la sécurité du Yémen est liée à celle de l'Arabie et vice-versa, ainsi que sa déclaration après la tragédie du pèlerinage de La Mecque en 2015 (plus de 2 000 morts) dans laquelle il avait précisé que ce n'était pas une attaque préméditée mais le résultat de la cohue créée par la foule des pèlerins.
Le dialogue avec l'Iran
M. Mrad précise que ces déclarations reflètent ses convictions, sachant qu'il continue d'appuyer et de remercier l'Iran pour l'aide qu'il fournit à la résistance contre Israël, mais cela ne signifie pas qu'il faut renoncer à l'arabité, qui est plus qu'un choix politique, c'est aussi une identité, le passé et l'avenir de la région. C'est dans cette optique que Abdel Rahim Mrad prône le dialogue entre les Arabes et la République islamique, et il a entendu de l'émir une phrase qui l'a conforté dans sa position. Mohammad ben Salmane l'a d'ailleurs répétée dans son entretien avec The Independent : « Nous ne voulons pas de guerre avec l'Iran et nous voulons régler nos problèmes avec lui par le dialogue. »
Au sujet de la Syrie, le vice-prince héritier a confirmé l'ébauche d'un dialogue avec le régime lors de sa rencontre avec le général Ali Mamlouk. Mais il n'a pas eu de suite, car il y a eu des fuites qui ont saboté cette ébauche. Concernant le Liban, le prince a affirmé son intention de s'ouvrir sur toutes les forces politiques sunnites, assurant que le royaume souhaite avoir de bonnes relations avec toutes les composantes politiques sunnites, et même avec toutes les forces politiques libanaises.
M. Mrad est sorti de l'entretien avec l'impression que l'émir a une vision du rôle de son pays et de l'avenir de la région et qu'il est déterminé à agir dans le sens de la stabilité et de la modernisation de son pays. Il a d'ailleurs pris de nombreuses décisions qui favorisent des modifications structurelles et que les médias occidentaux ont relevées récemment. Abou Hussein confie donc avoir été favorablement impressionné par la clarté de la vision de l'émir. Certes, tous les sujets n'ont pas pu être abordés au cours de cette première prise de contact, mais il n'a senti aucune réserve à son projet de renforcer l'appartenance arabe, face aux divisions confessionnelles qui sont finalement dans l'intérêt d'Israël.
Dans ce contexte, M. Mrad considère que le meilleur rempart contre les divisions confessionnelles reste le sentiment d'appartenance nationale et arabe. C'est pourquoi, aujourd'hui, après la tragédie de Qaa, il estime que les politiciens libanais doivent se réveiller et accélérer l'adoption d'une loi électorale basée sur la proportionnelle, puisque toutes les formules de scrutin majoritaire ont été épuisées et n'ont pas assuré la stabilité du pays.
M. Mrad revient sur la fameuse déclaration du général Catroux lorsqu'il avait dit : « Nous avons donné l'indépendance au Liban, mais pas la stabilité. » De fait, depuis l'indépendance en 1943, il y a eu régulièrement des secousses sécuritaires, voire militaires, et des crises politiques. Il est donc temps de changer le système confessionnel, d'abord parce qu'il favorise la corruption, et ensuite parce qu'il génère des crises à chaque échéance. Selon lui, même si on élit aujourd'hui un président sur les mêmes bases que les précédentes, il y aura une nouvelle crise dans six ans. Il a d'ailleurs évoqué ce sujet avec Saad Hariri, lui disant qu'il faut procéder à des changements structurels, « pour mes petits-enfants et pour vos enfants, lui a-t-il dit. Nous devons tirer les leçons de 73 ans de crises à répétition et leur laisser un pays stable ».
commentaires (7)
Meme médaille même origine sauf que l'arsbie saoudite un peu moins que l'Iran impérialiste !!! Hahah achat de 100 avions occidentaux Hahahah
Bery tus
13 h 20, le 01 juillet 2016