Rechercher
Rechercher

Lifestyle - This is America

Béchara Nammour, seul Libanais à la grande exposition sur l’émigration du Smithsonian

Le Libanais, connu pour l'ouverture d'une trentaine d'enseignes dans la restauration à Washington et ses environs, figurera aux côtés d'autres entrepreneurs de renom d'origine allemande, française, chinoise, indienne...

Béchara Nammour en compagnie de Jeff Bezos (fondateur et PDG d’Amazon, d’origine cubaine) et son fils Richard. Photo Jeff Malet

Donald Trump peut toujours s'armer de xénophobie... La Smithsonian Institution continue à célébrer des personnes venues d'ailleurs, avec leurs exploits devenus des faits marquants de l'histoire américaine. Béchara Nammour en fait partie.
L'apport de ces émigrés de grand génie sera conté dans une exposition d'envergure intitulée Many Voices, One Nation (de nombreuses voix, une nation). Elle se tiendra dès l'été 2017, et pour vingt ans, au Musée de l'histoire américaine, qui accueille plus de 5 millions de visiteurs par an. Un espace de 600 mètres carrés lui sera réservé, avec, parallèlement, une présence en ligne. Vingt success stories, survenues au pays de l'Oncle Sam, feront découvrir au public des expériences personnelles ayant des racines aux quatre coins du globe et qui, par la même occasion, ont participé aux transformations de la société américaine. Car ici, toute personne, arrivée avec son bagage culturel, continue à dynamiser la nation américaine.
Côtoyant notamment le cofondateur de Yahoo!, Jerry Yang (originaire de Taïwan), et d'autres entrepreneurs de renom d'origine allemande, française, chinoise, indienne, brésilienne, cubaine, néerlandaise, coréenne, hongroise, pakistanaise, grecque, marocaine et autres, qui par leur esprit innovant, ont contribué à enrichir l'expérience américaine, on se demande, fièrement, pourquoi Béchara Nammour ?
« Parce que, précise l'une des curatrices, son histoire – avec les risques qu'il a pris, les défis qu'il a surmontés, les succès de ses créations et toutes les bonnes choses qu'il restitue au monde – fait partie intégrante de la mémoire nationale qui inspirera les nouvelles générations d'émigrants qui continuent à refaire l'Amérique. »

Sa participation à la revitalisation économique de Washington
Béchara Nammour, dont on connaît au Liban les inédits en matière de restauration, compte aujourd'hui parmi les meilleurs auteurs des tables à succès de Washington et ses environs. Dès son arrivée dans la capitale fédérale, en 1985, il a installé plus d'une trentaine d'enseignes ayant pignon dans les quartiers les plus in. Tout a commencé pour lui avec J-Paul (spécialités américaines) pour arriver aujourd'hui à Neyla's (carte libanaise), en passant notamment par Geogetown Seafood Grill, River Club, Paolo's (saveurs italiennes), Old Glory (BBQ à l'ancienne), Georgia Brown (spécialités du Sud, arrosées de jazz) et Paul (pâtisserie).
Le témoignage de l'un des maires de Washington, Anthony Williams, le confirme : « L'implication de M. Nammour dans l'industrie de l'hospitalité de cette ville a débuté il y a plus de vingt ans et, durant tout ce temps, son travail a été d'un apport significatif pour ce secteur et pour la revitalisation économique de la capitale fédérale. Avec sa compagnie Capital Restaurant Concepts, il a particulièrement redonné de l'essor au quartier résidentiel et historique de Georgetown, où il a ouvert d'abord un établissement unique en son genre, J-Paul, avant d'enchaîner avec plusieurs autres. »
Les succès se sont multipliés avec des restaurants qui font réellement partie du quotidien américain. Illustrant parfaitement l'aspect valorisant de l'émigration (aujourd'hui si contestée), il trouve sa place dans ce haut-lieu de la culture et de l'éducation qu'est la Smithsonian Institution qui chapeaute 19 musées et une vingtaine de centres de recherches. Et qui veut mettre en exergue cette spécificité.
À la demande des curateurs de l'exposition, Béchara Nammour racontera aux visiteurs (avec sa propre voix), sa belle histoire libano-américaine dont voici quelques extraits en avant-première : « Je suis né à Saïda, ville ensommeillée en bord de mer. Les meilleurs desserts viennent de Saïda. Cuisiner et manger semblaient y être les seuls passe-temps. Nous étions une famille de propriétaires terriens. Mon père possédait des vergers d'orangers et autres arbres fruitiers, et cultivait les pastèques. Il est décédé lorsque mes sœurs et moi étions jeunes. J'ai grandi dans une maison avec six femmes et avec l'idée que je devais assumer les responsabilités de l'homme de la maison. »

« Ici, je rêve en anglais. Au Liban, je rêve en arabe »
Il relate aussi ses études chez les jésuites, une première carrière en suivant les pas de son père, avec un premier emprunt à l'âge de 24 ans qu'il a fait fructifier avec succès. Deuxième étape importante : sa rencontre et son mariage avec Rita, née Abela (aujourd'hui, créatrice et présidente de la Fondation culturelle Apeal), puis ses débuts d'investisseur à Londres et aux États-unis. Il confie : « J'avais de l'énergie, de la créativité et la passion de réussir. » Installation aux États-Unis en 1985 avec ses quatre enfants qui ont fait des études dans les grandes universités de ce pays. « J'étais déterminé à réussir en tant qu'entrepreneur international. L'Amérique m'a permis de faire. Quand je rêve ici, je rêve en anglais et quand je rêve au Liban, je rêve en arabe. »
Les organisateurs lui ont également demandé d'exposer des objets représentatifs de son background et de son parcours. Ils resteront la propriété du Musée de l'histoire américaine. L'homme d'affaires a ainsi choisi l'ancien réservoir-ceinture de limonade en cuivre martelé, que les marchands ambulants portaient autour de leur taille, annonçant leur passage en jouant des crotales ; une théière surmontée d'un chamelier qui trônait dans l'un de ses hôtels, L'Albergo, à Beyrouth ; un service de coutellerie de Jezzine et un jeu de tric-trac.
Ce fils de Saïda a réalisé un autre exploit, celui d'être prophète en son pays, auquel il est fortement attaché, et bien au-delà. L'écrivain libanais, Suhail Bushruï, éminent spécialiste de Gebran Khalil Gebran, avait dit de lui qu'il était « l'exemple même de l'art de l'hospitalité, dans toute son excellence et sa créativité, avec cette capacité de déployer ses ailes sous toutes les latitudes ».
Ainsi, au pays de l'Oncle Sam, le Libanais Béchara Nammour a bien mérité les palmes du Smithsonian Institution à travers l'exposition Many Voices, One Nation. Car sa voix s'est fondue dans la géographie culturelle de ces histoires, à la fois uniques et complexes, que résume la devise latine E pluribus unum (un de plusieurs), dont est frappé le grand sceau des États-Unis.

 

 

Pour mémoire
Des cracks libanais distingués au gala de la Fondation René Moawad à Washington

Trois personnalités d’origine libanaise honorées à New York

Donald Trump peut toujours s'armer de xénophobie... La Smithsonian Institution continue à célébrer des personnes venues d'ailleurs, avec leurs exploits devenus des faits marquants de l'histoire américaine. Béchara Nammour en fait partie.L'apport de ces émigrés de grand génie sera conté dans une exposition d'envergure intitulée Many Voices, One Nation (de nombreuses voix, une nation)....

commentaires (1)

Nul n'est prophete en son pays. Heureusement qu'il y a encore des pays qui reconnaissent des talents tels que Bechara Nammour qui font notre fierte a tous. Bravo !!

Paul Charbel

13 h 34, le 01 juillet 2016

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Nul n'est prophete en son pays. Heureusement qu'il y a encore des pays qui reconnaissent des talents tels que Bechara Nammour qui font notre fierte a tous. Bravo !!

    Paul Charbel

    13 h 34, le 01 juillet 2016

Retour en haut