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Cinema- - Rencontre

Philippe Aractingi à « L’OLJ » : Je suis un romantique

C'est autour d'un café, dans un bistrot sur la Croisette, que le cinéaste évoque son récent tournage « Ismaii » (Listen), ses rêves, ses projets et le cinéma qu'il aime.

Philippe et Diane Aractingi sur les marches du Palais du festival.

Il se dit une personne double, à la limite schizophrène. Il est vrai que Philippe Aractingi ne snobe pas le tapis rouge de Cannes, mais il le foule uniquement lorsque le producteur qui est en lui l'emporte sur le réalisateur. « Je suis là pour deux raisons essentielles, mais davantage avec ma casquette de producteur. »

L'Office du tourisme et le ministère du Tourisme lui ayant commandé des films expliquant que le Liban est une terre de tournage par son climat, ses caractéristiques géographiques, ses paysages variés ainsi que son potentiel humain, Fantascope, sa boîte de production, s'est chargée de réaliser quatre courts documentaires (trois d'une durée d'une minute qui passeront sur le site de 35 mm, et un quatrième de huit minutes). « Un travail d'équipe, essentiellement réalisé par Diane, mon épouse, productrice à part entière, Pierre Abou Jaoudé et moi-même », précise Aractingi. Et de poursuivre : « La seconde raison pour laquelle je suis là est pour présenter mon film Ismaii .»

Tourné aux mois d'octobre et de novembre, ce film de fiction avait besoin d'un vendeur international. « Je viens donc à Cannes pour essayer de trouver un acheteur dans ce grand marché du film. Avec l'aide d'Idal (organisme d'aide à l'investissement au Liban) qui a financé les projections et celle de Maya de Freige, directrice de la fondation Liban Cinéma, qui a assuré l'organisation, un grand nombre de professionnels du milieu ont pu assister à la projection. »

 

(Lire aussi : Cinéma libanais cherche identité désespérément)

 

« On ne s'écoute plus... »
Après Sous les bombes (2008), qui s'apparentait à un documentaire, et Héritages (2014), Philippe Aractingi, dont l'éclectisme élégant n'est plus à présenter ni à discuter, signe de nouveau une fiction qui parle d'amour, mais avec beaucoup de sonorités. « Il y a un travail sonore gigantesque avec Rana Eid, la monteuse son, et avec les techniciens dont je suis très fier, explique-t-il. Certes, l'histoire est construite d'une manière classique et parle d'amour, mais le film aborde en filigrane les thèmes de l'écoute de l'autre et de la fidélité. »

Et de reprendre : « Pour la première fois, j'avais envie de faire du cinéma pour le plaisir du cinéma. Non pour transmettre un message, ni pour exorciser des démons, mais simplement pour le plaisir de raconter une histoire. J'ai mis toute ma féminité là-dedans car, je l'avoue, je suis un romantique. » Entouré de Hadi Bou Ayache (un jeune acteur qu'il s'est amusé à former), de Rouba Zaarour, Yara Bou Nassar et Rafic Ali Ahmad, le cinéaste présente une histoire à la fois beyrouthine et universelle.
Après Bosta, son premier film de fiction tourné en 2005, Philippe Aractingi effectue un retour vers la musique. Cette musique qu'il a toujours chérie. « Je suis un musicien frustré. Mon premier long-métrage était un musical, et celui-là raconte l'histoire d'un ingénieur du son. Adolescent, je voulais être musicien mais, finalement, je crois que je fais le métier qui me va le plus », reprend-il en rigolant.

En brossant donc le portrait de cet ingénieur du son qui tente de récupérer sa dulcinée à travers les différents sons et tonalités qu'il lui envoie, le réalisateur se met à l'écoute des bruits et de la musicalité d'une ville bruyante. « J'ai choisi le thème du son, car j'ai remarqué qu'on ne s'écoutait plus. Et plus particulièrement à Beyrouth où tout est dans la verticalité (mosquées, églises, partis politiques), alors qu'il faut de l'horizontalité pour l'écoute. »

Ismaii, prévu entre les mois de septembre et de novembre dans les salles libanaises, aborde donc cette musique du cœur où le silence se fait profond pour bien écouter l'autre. Tous les autres. Dans un monde où l'autre fait de plus en plus peur, entre Brexit, trumpisme et fondamentalisme en tout genre, l'acte de Philippe Aractingi sonne joliment politique.

 

Pour mémoire

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Il se dit une personne double, à la limite schizophrène. Il est vrai que Philippe Aractingi ne snobe pas le tapis rouge de Cannes, mais il le foule uniquement lorsque le producteur qui est en lui l'emporte sur le réalisateur. « Je suis là pour deux raisons essentielles, mais davantage avec ma casquette de producteur. »
L'Office du tourisme et le ministère du Tourisme lui ayant commandé...

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