Rechercher
Rechercher

Liban - La situation

Le Liban n’est toujours pas remis du traumatisme saoudien

Saad Hariri a reçu hier Gebran Bassil à la Maison du Centre en soirée. Aucune information n’a filtré sur la teneur des discussions. Photo Ani

Le Liban continue de vivre sous le choc des sanctions saoudiennes, anticipant leur impact économique possible (sa hantise) et s'interrogeant sur l'attitude qu'il doit prendre et sur ce qui peut encore se produire.
Sur les plans politique et diplomatique, les faits semblent avoir donné raison à l'attitude de prudence adoptée par le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, au Conseil de la Ligue arabe et devant l'Organisation de la coopération islamique. Comme lui, le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, qu'on ne peut accuser de sympathies iraniennes, a donné la priorité à l'unité nationale sur l'unanimité arabe, d'autant plus que l'étiquette « organisation terroriste » que l'Arabie saoudite veut coller au Hezbollah n'a pas fait l'unanimité, puisque des pays comme l'Irak, l'Algérie et Oman n'ont pas suivi le mot d'ordre.


Il en a été question en Conseil des ministres, hier, et l'on apprenait qu'un maronite indépendant comme Boutros Harb a déclaré : « Nous considérons que face à Israël, le Hezbollah est un mouvement de résistance que tous les Libanais appuient. Mais nous sommes en désaccord sur l'attitude prise par le Hezbollah par rapport aux événements régionaux (...) Notre désaccord à ce sujet ne nous place pas en confrontation avec le Hezbollah et ne nous pousse pas à considérer que le Hezbollah est un parti terroriste (...) Nous exprimerons nos réserves sur toute clause qui aurait des conséquences négatives sur le plan interne libanais. »


M. Bassil a soulevé hier la question en Conseil des ministres et avec Saad Hariri, qui l'a reçu à la Maison du Centre en soirée. « D'autres réunions arabes s'annoncent, quelle attitude dois-je prendre ? » feint-il de s'interroger, sachant que le Liban n'a pas d'autre choix que de préserver sa paix civile. Ce dilemme appelé à sa prolonger a poussé M. Harb à conclure : « Qu'on ne nous embarrasse pas au point de nous demander de nous aliéner notre environnement ! »
Mais avec l'Arabie saoudite, la panoplie des « sanctions » n'est pas que politique et diplomatique. C'est ainsi que l'establishment libanais vit dans la hantise que l'Arabie saoudite, dans le cadre de son bras de fer contre l'Iran, ait recours à une escalade de mesures vexatoires, et que le Liban finisse par en payer le prix économique.

 

(Lire aussi : Salam : La crise des déchets sera réglée ou ce sera la démission)


Un grand cri d'alarme a été lancé hier à ce sujet, devant Saad Hariri, par Mohammad Choucair, président de l'Union des chambres de commerce, d'industrie et d'agriculture, qui a mis en garde contre « un effondrement économique et une explosion sociale "inévitables" si le sabotage programmé des relations avec nos frères des États du Golfe, en particulier l'Arabie saoudite, se poursuit ». Il est difficile d'être plus clair et M. Choucair n'a pas caché son désir de voir un nouveau président élu au plus vite et M. Hariri être nommé Premier ministre.


Une peur diffuse règne, dans les milieux d'affaires, de ce qui peut encore se produire. Il est évident que, malgré des assurances données par l'ambassadeur saoudien au Liban, des Libanais disent avoir peur pour leur emploi et le renouvellement de leur carte de résidence. Il y a quelque 500 000 Libanais dans le Golfe dont 300 000 en Arabie saoudite.


Autre crainte, l'agriculture. « Qu'adviendra-t-il de notre économie si les pays du Golfe décident de fermer leurs frontières aux exportations libanaises » alors que 75 % des exportations agricoles et 53 % de la production vont vers ces pays ? s'inquiétait encore Mohammad Choucair. Intimidation ? Pressions ? Peut-être, mais dans une situation éminemment volatile, il ne fait pas de doute que le Liban paie le prix fort du bras de fer irano-saoudien et qu'on ne sait toujours pas jusqu'où cette épreuve le conduira.

 

Pour mémoire

Salamé rassure sur la livre dans un climat de psychose entretenu par Riyad

La stratégie de la tension des pays du Golfe peut-elle ébranler l'économie libanaise ?

 

Le Liban continue de vivre sous le choc des sanctions saoudiennes, anticipant leur impact économique possible (sa hantise) et s'interrogeant sur l'attitude qu'il doit prendre et sur ce qui peut encore se produire.Sur les plans politique et diplomatique, les faits semblent avoir donné raison à l'attitude de prudence adoptée par le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, au Conseil...
commentaires (6)

ET DU TRAUMATISME BASSILIQUE... S'EN EST-IL REMIS ? CAR ON LE VOIT DANS LA PHOTO MÊME AVEC HARIRI... EST-IL VENU PRÉSENTER DES EXCUSES OU ANNONCER SA DÉMISSION ?

LA LIBRE EXPRESSION

11 h 03, le 04 mars 2016

Tous les commentaires

Commentaires (6)

  • ET DU TRAUMATISME BASSILIQUE... S'EN EST-IL REMIS ? CAR ON LE VOIT DANS LA PHOTO MÊME AVEC HARIRI... EST-IL VENU PRÉSENTER DES EXCUSES OU ANNONCER SA DÉMISSION ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 03, le 04 mars 2016

  • Eh oui...ces pays frappent le plus faible, le Liban, sachant très bien que c'est là où ça fait très mal à une grande partie des Libanais qui n'ont rien à voir avec le Hezbollah. Donc, tous ces pays, l'Arabie Séoudite en premier ne voulant pas de confrontation directe avec l'Iran et le Hezbollah, s'en prennent au peuple libanais... CE SONT DES LACHES COMME TOUJOURS ! Irène Saïd

    Irene Said

    11 h 03, le 04 mars 2016

  • "Intimidation ? Pressions ?" ! Vous en êtes encore là ! "Peut-être, mais il ne fait pas de doute que le Liban paie le prix fort du bras de fer irano-saoudien et qu'on ne sait toujours pas jusqu'où cette épreuve le conduira." ! Ah ! Vous ne savez toujours pas ? Vous ne vous doutez pas ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    07 h 08, le 04 mars 2016

  • "Un grand cri d'alarme a été lancé hier à ce sujet, devant Saad Hariri, par Mohammad Choucair, président de l'Union des chambres de commerce, d'industrie et d'agriculture, qui a mis en garde contre « un effondrement économique et une explosion sociale "inévitables" si le sabotage programmé des relations avec les États du Golfe, en particulier l'Arabie saoudite, se poursuit. Il est difficile d'être plus clair et M. Choucair n'a pas caché son désir de voir un nouveau président élu au plus vite et M. Hariri être nommé Premier ministre." ! Paroles en OR ! Par contre, celles de ce Botross : une HONTE !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    07 h 04, le 04 mars 2016

  • "Notre désaccord à ce sujet ne nous place pas en confrontation avec le Hezbollah et ne nous pousse pas à considérer que le Hezbollah est un parti terroriste." ! Même les 7 et 8 mai 2008, quand, après quelques heures de combats de zkkâks et de ruelles, sa new victoire "divine" militaire s'était traduite depuis par son inénarrable tiers de blocage ? "Sacré" Botross, va !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    07 h 00, le 04 mars 2016

  • Si je ne me trompe pas, il y a une différence entre les attitudes du ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk et celle du ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil. Ce dernier a voté en fait contre l'unanimité arabe condamnant l'agression aux représentations diplomatiques de l'Arabie saoudite en Iran. Tandis que le ministre Machnouk vote an faveur de la résolution des ministres arabes de l'Intérieur, mais exprime les réserves dues sur la considération du Hezbollah comme organisation terroriste. C'est la position adéquate : On vote avec l'unanimité arabe mais on exprime les réserves nécessaires. Si le ministre des Affaires étrangères avait suivi et appliqué ce principe, il aurait évité au Liban toute cette crise grave avec l'Arabie saoudite et les pays du Golfe.

    Halim Abou Chacra

    03 h 46, le 04 mars 2016

Retour en haut