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Moyen Orient et Monde - Analyse

Au Moyen-Orient, à chacun son terroriste

Dans la région, encore plus qu'ailleurs, le concept est d'une grande utilité politique.

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, le Premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, et les officiels turcs assistent aux funérailles d’un membre de l’armée, mort suite à un attentat revendiqué par les Faucons de la liberté du Kurdistan. Adem Altan/AFP

« Il n'y a pas de bons et de mauvais terroristes. » Ces quelques mots, prononcés mercredi par le président turc Recep Tayyip Erdogan, en allusion au soutien américain aux Kurdes syriens du PYD (parti de l'Union démocratique), résument la pensée politique de la grande majorité des dirigeants du Moyen-Orient.
Ces mêmes mots auraient d'ailleurs pu sortir de la bouche du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, de celle du président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, ou encore de celle du président syrien, Bachar el-Assad, sans que personne n'y trouve quelque chose à redire. S'ils sont tous d'accord sur le fond, ils ont toutefois chacun leur propre définition du « terrorisme ». Le terroriste de l'un peut même être l'allié, voire le protégé de l'autre.

Est terroriste, pour M. Netanyahu, celui qui porte les armes pour défendre la cause palestinienne. Est terroriste, pour M. Sissi, tout individu appartenant à un groupe islamiste, qu'il soit jihadiste ou non. Est terroriste, pour M. Assad, tout opposant politique, non toléré par le régime. Est terroriste pour M. Erdogan, tout Kurde lié, de près ou de loin, au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Et la liste est encore longue, puisque les deux théocraties du Golfe, l'Iran et l'Arabie saoudite, ont aussi chacune leur terroriste. L'Arabie saoudite qualifie comme tel tous ses opposants politiques, ainsi que les groupes chiites liés à l'Iran, les groupes islamistes sunnites qui pourraient concurrencer son pouvoir et les groupes jihadistes. L'Iran utilise le même qualificatif pour dénoncer les leaders du mouvement contestataire en 2009, puis pour discréditer l'opposition syrienne, et enfin pour donner un nom à son combat contre les groupes jihadistes sunnites.


(Lire aussi : Les tensions vont crescendo entre les États-Unis et la Turquie)

 

Prophétie autoréalisatrice
Au Moyen-Orient, encore plus qu'ailleurs, le concept de terrorisme est d'une grande utilité politique : il permet de discréditer systématiquement tous ses adversaires et de réprimer par la force tous ses opposants au nom de la sacro-sainte lutte contre... le terrorisme. Cette politique de la terre brûlée a pour conséquence de radicaliser les opposants et de les pousser à prendre les armes, donc de donner du crédit à la rhétorique des régimes. Une prophétie autoréalisatrice, en quelque sorte. Qualifier les acteurs de terroristes, notion fourre-tout par excellence, permet de voiler les motivations politiques de ceux qui le pratiquent, et de fermer les yeux sur les États qui le soutiennent et l'instrumentalisent, ou dont les méthodes ne diffèrent pas de cette terreur qu'ils condamnent et qu'ils combattent chez les autres.

Le chaos actuel qui sévit dans tout le Moyen-Orient révèle les profondes contradictions que soulève l'emploi de ce terme. Tous ces groupes qualifiés de terroristes sont actuellement très actifs en Syrie, en Irak, au Yémen, en Égypte ou encore en Israël. Leurs actions se croisent, parfois même s'opposent, sur fonds de lutte de pouvoir entre les puissances régionales. Les Kurdes du PYD, le Hezbollah, les milices chiites irakiennes, les groupes liés à el-Qaëda ou encore l'État islamique (EI) deviennent autant d'acteurs géopolitiques dans ce Moyen-Orient en pleine décomposition. Certains, comme les milices chiites ou les Kurdes, profitent de leur combat contre les groupes jihadistes sunnites pour regagner une légitimité auprès des Occidentaux. D'autres, comme les groupes liés aux Frères musulmans ou à la cause palestinienne, sont de plus en plus marginalisés du fait de leur appartenance à la communauté sunnite. Le terroriste d'hier devient ainsi l'allié d'aujourd'hui et vice versa.

(Lire aussi : Cinq vérités concernant le terrorisme)

 

Amis/Ennemis
La situation au Moyen-Orient est tellement instable et changeante que les États occidentaux ont beaucoup de mal à définir une politique claire vis-à-vis de tous ces groupes. Alors que les Russes qualifient, sans nuances, tous les groupes islamistes sunnites, jihadistes ou non, de terroristes, soutiennent les Kurdes du PKK et les milices chiites affiliées à Téhéran, les Occidentaux réfléchissent au cas par cas à ce qui peut rendre leurs actions illisibles aux yeux de leurs partenaires. Le meilleur exemple étant sans doute le soutien des Américains aux Kurdes du PYD, branche syrienne du PKK, alors que le PKK est sur la liste des organisations terroristes des États-Unis et de l'Union européenne.

De la même façon, les groupes de tendance « frériste » sont parfois qualifiés de terroristes, comme le Hamas à Gaza, et parfois « d'opposition modérée », comme en Syrie. Le fait que les États occidentaux ne soient pas capables de définir clairement quels sont, pour eux, les groupes terroristes et les groupes tolérés démontre la complexité de la situation, mais aussi le manque de cohérence générale de leurs politiques dans la région.
Toute politique étrangère devant répondre avant tout à deux questions a priori assez simples : qui sont mes amis ? Qui sont mes ennemis ?

 

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« Il n'y a pas de bons et de mauvais terroristes. » Ces quelques mots, prononcés mercredi par le président turc Recep Tayyip Erdogan, en allusion au soutien américain aux Kurdes syriens du PYD (parti de l'Union démocratique), résument la pensée politique de la grande majorité des dirigeants du Moyen-Orient.Ces mêmes mots auraient d'ailleurs pu sortir de la bouche du Premier ministre...

commentaires (3)

Ok c'est bien dit , même si on savait tout ça ! Il fallait juste dire que les 1ers à avoir lancé ces théories du terrorisme étaient les américains avec leur "war on terrorism" de l'ivrogne président bush , et par les voleurs de terre d'israel qui depuis 48 , alors qu'ils ont constitué leur état sur du terrorisme de la hagannah de menahim bégin par des attentats sur des anglais , accusent tout palestinien qui voudrait récupérer ( un peu ) de sa terre usurpée .

FRIK-A-FRAK

13 h 56, le 20 février 2016

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Commentaires (3)

  • Ok c'est bien dit , même si on savait tout ça ! Il fallait juste dire que les 1ers à avoir lancé ces théories du terrorisme étaient les américains avec leur "war on terrorism" de l'ivrogne président bush , et par les voleurs de terre d'israel qui depuis 48 , alors qu'ils ont constitué leur état sur du terrorisme de la hagannah de menahim bégin par des attentats sur des anglais , accusent tout palestinien qui voudrait récupérer ( un peu ) de sa terre usurpée .

    FRIK-A-FRAK

    13 h 56, le 20 février 2016

  • Le titre plus proche de la réalité serait...: " au moyen orient chacun finance son /ses terroriste (s)...! D'ailleurs dans la guerre du Liban ce n'était pas beaucoup différent........

    M.V.

    12 h 11, le 20 février 2016

  • LE FANATISME DES DEUX FACES DE LA MEME MONNAIE... QUI SE BATTENT AVEC ACHARNEMENT ET HAINE... A COUPS DE MILICES TERRORISTES... MERCENAIRES IMPORTES DE TOUS LES COINS DU MONDE... ATIISENT LES HAINES SECULAIRES RELIGIEUSES ENTRE SUNNITES ET CHIITES ET FONT PLUS DE MAL AUSSI AUX AUTRES COMMUNAUTES DE LA REGION ET SPECIALEMENT AUX CHRETIENS MOYEN ORIENTAUX...

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 19, le 20 février 2016

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