Danny Abdul Dayem, "la voix de Homs"

Depuis onze jours maintenant, Homs est la cible de bombardements violents par les forces du régime de Bachar el-Assad. De ce fracas, une voix émerge, "la voix de Homs", celle de Danny Abdul Dayem, un blogueur Britanno-Syrien de 23 ans.

Depuis plusieurs mois déjà, Danny poste des vidéos sur YouTube montrant la répression perpétrée par les forces de sécurité syriennes contre les contestataires. Depuis le début de l’offensive contre Homs, sa ville, le jeune activiste multiplie les témoignages, vidéos et interventions pour différents médias, dont Al-Jazira, BBC et CNN.

Dans une vidéo mise en ligne début février, Danny déclarait : "Ceci est Homs, Bab Amro. Vous pouvez voir ici une autre roquette qui a explosé dans la maison de civils. Ceci dure depuis 5h du matin. Il est 8h maintenant. Et ça va continuer jusqu’à 19 h. Voici notre vie : des roquettes et des balles qui tuent des enfants dans la rue, des morceaux de corps. Pourquoi ne nous aidez-vous pas ? Où est l’humanité dans ce monde" ?

Un engagement risqué.

En août dernier, le jeune homme a été blessé par balles. Danny et sa famille ont alors fui la Syrie pour se réfugier au Caire. Lors de ce séjour de convalescence, Danny a expliqué au Guardian qu’un homme dans une voiture avait ouvert le feu sur lui alors qu’il préparait, avec des amis, de l’aide pour les habitants de Hama.

"J’ai pensé : vais-je mourir ? Mes jambes fonctionneront-elles toujours ? Et alors, ca a commencé à faire mal, et à saigner, c’était l’enfer", a raconté le jeune Syrien au journaliste du quotidien britannique.

Selon le Guardian, Danny était étudiant en management avant que le vent de la révolte se lève en Syrie. Sa vie a basculé quand les forces de sécurité ont arrêté des enfants à Deraa (sud de la Syrie), début 2011.

Le premier mort dont Dany a été témoin, était un jeune garçon de 13 ans, touché à la tête près de lui. Depuis, expliquait Danny au Guardian en septembre dernier, 14 de ses amis ont été tués. "Depuis des mois, je suis préparé à l’idée que je pourrais être le prochain, mais je ne veux pas que mes amis soient morts pour rien", assure-t-il.

En janvier dernier, Danny est retourné Syrie. Il aurait de nouveau quitté le pays lundi, selon CNN, pour se réfugier au Liban.

De là, il est parti à Strasbourg, dans l’est de la France, pour témoigner devant le groupe ADLE, le groupe des Libéraux au Parlement européen.

Devant les eurodéputés, qui avaient également invité Fawaz Tello, un membre du Conseil national syrien (CNS), la principale instance de l’opposition en Syrie, le jeune blogueur a appelé les Occidentaux à "cesser de parler et à agir" avant que Homs ne soit anéantie par le régime de Bachar el-Assad.

La situation est "terrible" à Homs, la troisième ville syrienne, où les troupes du régime "prennent en joue n'importe qui" dans les quartiers insurgés, a ajouté le jeune homme. "Les soldats kidnappent femmes et enfants, violent des femmes et les tuent, a poursuivi Danny. Il s'agit de crimes contre l'humanité (...) Il n'y a que cinq médecins pour soigner les blessés".