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Liban - Diplomatie

Le dossier de Georges Ibrahim Abdallah s’invite aux entretiens de Mikati en France

L’affaire du plus ancien détenu libanais de France vient d’être remise sur le tapis par Simon Abiramia.

Mehdi Fedouach / AFP

PARIS, d’Élie MASBOUNGI

La toute récente déclaration télévisée du député Simon Abiramia sur l’affaire Georges Ibrahim Abdallah, le Libanais détenu en France depuis 28 ans pour actes de terrorisme, pourrait s’avérer comme étant un croche-pied au président Nagib Mikati attendu à Paris en visite officielle fin janvier.
En évoquant cette affaire – dont il ne s’était probablement jamais entretenu avec des responsables français lors de ses nombreuses visites dans l’Hexagone –, le député de Jbeil pose au chef du gouvernement un cas qui n’avait jamais figuré à l’ordre du jour d’aucun contact officiel franco-libanais et M. Mikati devra, avant son départ pour Paris, définir la position de son gouvernement à l’égard de l’incarcération de Georges Ibrahim Abdallah qui a déjà purgé sa peine et qui subit depuis 1999 des refus répétés de remise en liberté présentée par le célébrissime avocat Jacques Vergès qui vient de faire une déclaration publique dénonçant « l’ingérence des États-Unis dans cette affaire » et affirmant qu’« en tant que partie civile au procès en 1986, le gouvernement américain oppose à la justice française un “veto intolérable” à la libération de son client ».
Malgré la mobilisation permanente, depuis des années de plusieurs comités de soutien français et franco-libanais réclamant son retour au Liban les autorités françaises sont restées muettes sur cette affaire.
L’ancien patron de la DST et ancien député Yves Bonnet vient de réclamer la libération d’Abdallah qu’il qualifie de « plus vieux prisonnier politique de France » en dénonçant une « vengeance d’État », sous la pression des USA et d’Israël.
Dans une interview accordée au site La dépêche.fr, M. Bonnet déclare : « J’ai un problème de conscience avec cette affaire. La France a trahi la parole donnée et on a voulu faire croire qu’à l’époque, j’avais négocié seul sa remise en liberté après avoir terminé sa période de sûreté en 1999. »
Si l’affaire n’était pas évoquée lors des entretiens de Nagib Mikati à Paris, elle risque de faire l’objet de plus d’une question de la presse française à la demande des comités de soutien à Georges Ibrahim Abdallah.
Ces comités, pour la plupart dans la mouvance ultragauchiste, rappellent que les actes qui avaient été commis par Abdallah avaient un caractère politique puisque celui-ci militait au moment des faits au sein des FARL (Fractions armées révolutionnaires libanaises).
Toujours est-il que le chef du gouvernement devrait, selon des milieux franco-libanais proches du Parti communiste et d’autres formations de l’extrême gauche française, se munir d’un solide dossier sur Georges Ibrahim Abdallah pour en répondre le cas échéant. Soit lors de ses entretiens officiels soit au cours de rencontres avec la presse.
Le Premier ministre pourrait toujours, comme l’avaient fait ses prédécesseurs, faire la sourde oreille et rester muet face aux interrogations des associations de soutien à Abdallah qui ne manquent aucune occasion de se manifester lors de visites de personnalités libanaises en France.
Il n’en reste pas moins que cette affaire est actuellement dans une phase ascendante si l’on en juge par l’activité croissante des associations concernées et aussi par le fait que dans une réponse vendredi à la question d’un journaliste lors de son point de presse bihebdomadaire, le porte-parole du Quai d’Orsay a renvoyé la balle... au parquet et au ministère de la Justice.
La communauté libanaise dans son ensemble ne s’est jamais émue du cas de Georges Ibrahim Abdallah, si l’on excepte quelques militants affiliés à des mouvements de gauche. De plus, comme tout prend une connotation communautaire au Liban, certains Libanais de l’Hexagone pensent qu’il faudrait alors évoquer d’autres cas de Libanais détenus dans le monde, notamment pour des motifs politiques et intervenir auprès des instances qui les retiennent.
Né le 2 avril 1951 à Kobeyate (Akkar), Abdallah avait tout d’abord milité dans les rangs du PSNS avant de rejoindre le FPLP palestinien et fonder quelques années plus tard les FARL (Fractions armées révolutionnaires libanaises). Il a été arrêté en 1984 à Lyon et accusé d’avoir participé à l’assassinat le 18 janvier 1982 de Charles Robert Ray, attaché militaire à Paris puis, le 3 avril de la même année des assassinats du diplomate israélien Yacov Barsimentov et du consul américain à Strasbourg Robert Onan Homme.
Des journalistes qui avaient couvert à l’époque le procès de Georges Ibrahim Abdallah affirment qu’il n’a jamais fait le moindre aveu même lors des interrogatoires les plus musclés. Au point de faire dire à Jacques Attali, ancien conseiller de François Mitterrand : « Il n’est inculpé que de faux et usage de faux pour utilisation d’un vrai-faux passeport algérien... ».
PARIS, d’Élie MASBOUNGILa toute récente déclaration télévisée du député Simon Abiramia sur l’affaire Georges Ibrahim Abdallah, le Libanais détenu en France depuis 28 ans pour actes de terrorisme, pourrait s’avérer comme étant un croche-pied au président Nagib Mikati attendu à Paris en visite officielle fin janvier. En évoquant cette affaire – dont il ne s’était...

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