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Culture - Rencontre

Maria Ivanova Surae : J’ai deux amours, le cinéma et le Liban

Au Liban pour tourner son deuxième film « Je ne suis pas un Lakit », la réalisatrice russe se confie à « L’OLJ » et parle du pays du Cèdre comme étant sa seconde patrie.

Maria Ivanova Surae : J’ai deux amours, le cinéma et le Liban

L’actrice libanaise Manale Issa dans le film « The Anger », premier long métrage de la réalisatrice et productrice russe Maria Ivanova Surae. Photo DR

Elle avait jusqu’à présent deux amours : sa famille et le cinéma. Elle en a aujourd’hui trois. Et son troisième s’appelle le Liban qu’elle considère comme sa seconde patrie. Un pays où elle se sent parfaitement chez elle et où elle s’est rendue pour tourner son film Je ne suis pas un Lakit.

Née à Moscou en 1983, Maria Ivanova Surae obtient son diplôme de la faculté de journalisme de l’Université d’État de Moscou mais c’est vers le 7e art qu’elle se tourne pour porter 16 ans plus tard les trois casquettes de productrice, de scénariste et de réalisatrice. Désormais à la tête de la société cinématographique Scoop Production (www.superscoop.ru), elle a déjà tourné plus de 100 documentaires pour les chaînes de télévision. En 2014, le court métrage de fiction, The Last One ou Sonuncu (une coproduction entre la Russie et l’Azerbaïdjan), qu’elle produit, est sélectionné pour la compétition officielle de courts métrages au 67e Festival de Cannes, puis participe à 87 festivals et reçoit 9 prix. En 2017, elle réalise un court métrage documentaire, Muhammad, et un long métrage documentaire sur les réfugiés syriens intitulé Fleeing the war (Fuyant la guerre). Ce film obtient un prix spécial du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés en Russie et le principal Critics’ Choice Award au Stalker International Film Festival.

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Chercheuse et quasi anthropologue, Maria Ivanova Surae a eu un coup de foudre pour le rocher mythique de Raouché et, depuis, ne cesse de faire des allers-retours au Liban, enchaînant films et documentaires et s’investissant sur la scène culturelle libanaise.

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Seule la culture peut sauver

En 2021, elle termine son premier long métrage The Anger (une coproduction libano-allemande). L’actrice Manal Issa y joue le rôle principal et la réalisatrice a pour directeur de la photographie sur ce film Tommaso Fiorilli, qui avait déjà officié dans L’Insulte de Ziad Doueiri. Le film parle d’une relation « compliquée au Liban », entre une jeune musulmane et un Français. « J’ai senti qu’il y avait beaucoup de similitudes dans ce sujet, avec mon pays », dit-elle. Il s’agit de sa première réalisation au Liban. L’auteure/metteure en scène est si impliquée qu’elle brave l’explosion du 4 août (quand son lieu de production… né à Beyrouth est complètement détruit) mais aussi le Covid-19 et l’absence de sa famille, pour rester au Liban et continuer à filmer. « On a seulement ajourné deux semaines le tournage pour reconstruire. Je devais terminer mon projet, affirme la réalisatrice qui enchaîne : Je n’arrive pas du tout à expliquer ce sentiment d’appartenance au pays du Cèdre et à son peuple. Pour moi, les Libanais sont très courageux et ils sont presque tous professionnels dans leur créneau. Comme on n’en trouve pas dans d’autres pays, ajoute-t-elle. C’est pourquoi, cela me peine de savoir que beaucoup d’entre eux baissent les bras et veulent émigrer. Il ne faut pas abandonner. Nous aussi, en Russie, avons eu des temps très durs et nous les avons surmontés. » C’est un véritable message de survie que la réalisatrice adresse au Liban, elle qui est persuadée que seule la culture peut aider les gens à garder l’espoir.

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Maria Ivanova Surae est rentrée chez elle après avoir tourné la partie documentaire du film Je ne suis pas un Lakit qui aborde le sujet des orphelins au Liban (Lakit signifiant bâtard, NDLR) et réalisé un repérage dans les orphelinats. Elle reviendra de nouveau en juillet-août pour réaliser la seconde partie qui relève de la fiction. « Les films de fiction sont plus faciles à réaliser, indique-t-elle, parce que les documentaires ne sont pas prévisibles. Ils réservent chaque jour une surprise. Dans les documentaires, tout n’est pas sur papier mais dans le cœur. » Tandis que Je ne suis pas un Lakit sortira l’an prochain, The Anger fait son chemin internationalement et dans les festivals.

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Maria Ivanova Surae prend le cinéma à cœur. « C’est une responsabilité, avoue-t-elle. Un travail sérieux et pas un jeu. Durant les seize ans où j’ai travaillé dans la production, je me préparais pour affronter ces instants-là. J’ai tout appris sur les plateaux. Dans ce milieu, il faut être sûr de ce que l’on veut faire. Ce n’est que l’an dernier que j’ai senti que j’étais prête en tant que réalisatrice et auteure. » Et de poursuivre : « J’aime écrire mes propres scripts où j’insuffle mon énergie. J’ai une prédilection pour les sujets sociaux car, pour moi, le cinéma est un instrument pour opérer des changements. Faire des films signifie pour moi respirer. Or je ne peux m’arrêter de respirer car je ne vis plus. »

Elle avait jusqu’à présent deux amours : sa famille et le cinéma. Elle en a aujourd’hui trois. Et son troisième s’appelle le Liban qu’elle considère comme sa seconde patrie. Un pays où elle se sent parfaitement chez elle et où elle s’est rendue pour tourner son film Je ne suis pas un Lakit. Née à Moscou en 1983, Maria Ivanova Surae obtient son diplôme de la faculté de...

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